Avec l'ARN, le vaccin universel contre la grippe à portée de main
Des chercheurs ont testé sur des rongeurs un vaccin à ARN messager qui cible les 20 principales souches de la grippe. Avec succès.
Dans le sillage du Covid-19, une révolution se profile, celle de la vaccination universelle contre la grippe. Plusieurs études suggèrent que ce Graal de la médecine est à portée de pipette, grâce à la technologie ARN messager. S’agira-t-il de la formule à 20 antigènes développée à l’Université de Pennsylvanie ? Les données précliniques présentées ce jeudi 24 novembre dans Science montrent que cette option doit être prise en compte.
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Pourquoi c’est intéressant. La grippe saisonnière tue entre 290’000 et 650’000 personnes chaque année d’après l’OMS. C’est un virus très bien installé tant chez les humains que les animaux, et différents variants, ou souches, circulent d’un hémisphère à l’autre, à la faveur des saisons. Produire un vaccin efficace contre la grippe oblige les spécialistes à parier sur les variants qui domineront l’épidémie de la saison à venir. Une approche dont l’efficacité varie de 10 à 60 % selon les années, d’après les données du CDC américain.
Un vaccin universel, c’est-à-dire efficace contre la grande majorité des variants circulants chez l’humain, changerait la donne. On espère même qu’un tel vaccin nous protégerait en cas d’émergence d’une souche pandémique, avec une évolution génétique majeure échappant grandement à notre système immunitaire. La grippe en a déjà plusieurs à son actif, comme celle de 1918/19, à qui on attribue jusqu’à 100 millions de morts, mais aussi les pandémies plus récentes de 1957 (1 à 4 millions de morts) et 1968 (1 à 4 millions de morts aussi).
Mais voilà, le virus de la grippe mute, se diversifie et pour couvrir toutes les possibilités il faut construire un vaccin efficace contre un très grand nombre de variants. Une tâche quasi impossible… enfin, jusqu’à présent.
Le vaccin. La proposition de l’Université de Pennsylvanie est une formule contenant des ARN messagers correspondant aux antigènes de 20 hémagglutinines, tirées des 20 principales souches de grippes circulantes. L’hémagglutinine est une protéine cruciale pour les vaccins, c’est la clé qu’utilise le virus pour entrer dans les cellules humaines.
Utiliser autant d’antigènes dans un seul vaccin est impossible avec les vaccins conventionnels contre la grippe, qui contiennent des virus inactivés, mais pas pour plus de 4 variants identifiés chaque année par l’OMS. Pour contourner le problème, les chercheurs de l’université de Pennsylvanie ont utilisé des ARN messagers, la même technologie que les vaccins contre le Covid-19 produits par BioNTech et Moderna. Cela leur permet de taper beaucoup plus fort, une «approche de force brute», peut-on lire dans une Perspective accompagnant les résultats, bien loin des stratégies cherchant une cible conservée à travers les lignées grippales.
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