Après le mariage pour tous, la fin des thérapies de conversion
Plusieurs associations allemandes liées aux milieux intégristes et proposant de «guérir de l’homosexualité» ont tenté de s'enregistrer en Suisse. Une motion sera débattue le 5 décembre au parlement suisse pour interdire des pratiques qui n'ont aucune base scientifique.
C’est un débat de société important, qui marque un palier dans la reconnaissance des minorités sexuelles. La Suisse se dirige vers une interdiction des «thérapies de conversion», ces traitements, prisés des milieux intégristes, qui visent à modifier l’orientation sexuelle d’une personne, homosexuelle ou bisexuelle, pour la mener vers l’hétérosexualité. La commission juridique du Conseil national a déposé une motion pour interdire ces pratiques, qui n’ont aucune base scientifique et sont souvent dénoncées comme dangereuses. Elle sera débattue demain, lundi 5 décembre, en plenum.
Pourquoi on en parle. Les thérapies de conversion ont émergé à la fin des années 1970 aux États-Unis, avant d’arriver en Europe dans les années 2000, sous l’impulsion d’associations chrétiennes intégristes. Philippe Gilbert, du Centre intercantonal d’information sur les croyances, à Genève:
«Il y a un large spectre de pratiques: groupes de prière, imposition des mains, exorcisme dans certains cas, mais aussi des rencontres le temps d’un week-end entre hommes pour découvrir sa véritable masculinité.»
Deux affaires ont particulièrement fait parler d’elles ces dernières années. Un médecin homéopathe pratiquant dans les cantons de Genève et de Vaud proposait de «guérir de l’homosexualité», tandis qu’un psychiatre dispensait de tels traitements à Schwytz. Dans le canton de Vaud, le député socialiste Julien Eggenberger, évoquait, dans une motion, l’Église évangélique Lazare de Bussigny, qui proposait des cours de «restauration de l’identité».
Les milieux LGBT+ suisses combattent de longue date les thérapies de conversion. Elles sont interdites dans de nombreux pays voisins, France, Allemagne notamment, et des initiatives sont en cours pour les prohiber dans toute l’Union européenne. Un rapport du Conseil des droits de l’homme de l’ONU les assimile à des actes de torture.
L’influence des milieux intégristes. Il faut absolument éviter que la Suisse devienne un refuge pour les «guérisseurs d’homos», demande l’association Pink Cross, qui défend les intérêts des hommes gays et bisexuels en Suisse.