Cette dernière, alors qu’elle délivre correctement la nicotine depuis l’apparition des vapoteuses de deuxième génération en 2013, fait l’objet d’attaques incessantes qui influencent les comportements et s’avèrent globalement très nuisibles à la santé publique, alors que le vapotage est en France le produit le plus utilisé pour sortir du tabac.
- Le vapotage est une porte d’entrée en tabagie: FAUX
La crainte que le vapotage soit une porte d’entrée en tabagie perdure chez certains experts, mais dix ans d’études et d’alertes n’ont pas permis de la confirmer. Une petite dizaine d’études scientifiques au design biaisé ont comparé chez des adolescents non-fumeurs le devenir de ceux qui avaient vapoté et de ceux qui n’avaient jamais rien pris, mais celles-ci ignorent volontairement le rôle du vapotage comme concurrent de la cigarette et son potentiel addictif très inférieur à celui des cigarettes. Ceci n’empêche pas certains auteurs d’affirmer depuis dix ans que le vapotage est une porte d’entrée en tabagie.
Les données épidémiologiques vont à l’encontre de cette affirmation: le taux de jeunes collégiens et lycéens qui fument du tabac s’effondre à la même vitesse qu’auparavant, voire plus rapidement. Cette croyance, démontrée comme fausse, est pourtant la justification des attaques contre les arômes. En 2019, les données confirment clairement que le vapotage est moins une porte d’entrée vers le tabagisme qu’un frein à l’initiation au tabagisme chez l’adolescent.
- On ne sait rien sur la toxicité des émissions du vapotage: FAUX
Avec dix ans de recul, on en sait beaucoup plus sur la composition et les effets des émissions du vapotage que l’on en sait après 150 ans d’études sur la fumée du tabac. Dire que l’on ne sait pas ce qu’il y a dans les émissions relève de la désinformation. Les études qui comparent uniquement le vapotage à l’air ambiant concluent presque toujours que vapoter est plus nocif que de ne rien prendre. Mais ces conclusions n’ont pas grande signification clinique si on n’évalue pas dans la même étude la réduction du risque par rapport à l’exposition à la fumée de tabac qui apparait, dans toutes les études, beaucoup plus nocive.
Certes en cas de surchauffe, généralement par un fonctionnement à sec («dry hit»), des produits toxiques – acroléine et formaldéhyde – peuvent être émis à des concentrations proches de celles mesurées dans la fumée du tabac. Mais personne ne vapote longtemps avec un tel goût de brûlé. Par ailleurs, même en surchauffe, le vapotage ne libère ni goudrons ni monoxyde d’azote.
Les émissions de vapotage peuvent ainsi avoir des effets nocifs, en particulier du fait de l’effet irritant de la nicotine et desséchant du propylène glycol, mais ces effets sont infiniment moins graves que ceux de la fumée de tabac.
- Les pneumopathies mortelles des vapoteurs: LIÉES À DES POISONS, PAS AU VAPOTAGE
Les dernières attaques contre le vapotage sont liées aux pneumopathies et décès survenus aux États-Unis. Ces événements sont consécutifs à l’utilisation de produit huileux – de la vitamine E de la famille des stérols, totalement inappropriée à une délivrance pulmonaire – comme additif de produits de cannabis. Dans le cas présent, ce n’est pas le vapotage qui est en cause mais l’introduction dans les vapoteuses d’un produit illégal, trafiqué, acheté au marché noir et additionné de produit délétère pour les poumons, dans le seul but de leur donner meilleur aspect.
Accuser le vapotage de ces accidents, c’est un peu comme accuser le verre d’être responsable d’un empoisonnement à la mort-aux-rats. Dans une telle situation, les médias auraient titré sur la mort-aux-rats et non sur le verre. Mais en l’espèce, tous les médias titrent sur le vapotage!
Cette campagne, qui a duré en septembre et en octobre, a été associée à une baisse des ventes de produits de vapotage en boutique. Dans le même temps, on a constaté une moindre baisse des ventes de cigarette chez les buralistes français par rapport à la tendance générale [due notamment à l’augmentation du prix du paquet, ndlr]. En novembre, l’épisode de mésinformation terminé, les ventes de produits de vapotage remontent et de celles tabac baissent. Il est possible que ces mouvements soient dues à des variations aléatoires des volumes de vente, mais ils n’en sont pas moins troublants.
Dans des pays comme les États-Unis ou la Suisse, les lobbies sont toujours très puissants. Ils n’aiment le vapotage que lorsqu’il s’agit d’organiser la confusion entre celle-ci (un produit sans fumée et sans pic de nicotine, qui permet de se libérer de la dépendance nicotinique) et le tabac chauffé (un produit fumé à la source de pics de nicotine, qui crée et entretient l’addiction). La question reste ouverte de la place des lobbies du tabac dans ces incessantes attaques contre le vapotage.
Vous avez reçu un courrier recommandé
En 2017, Bertrand Dautzenberg a rendu publique une tentative de prise de contact de British American Tobacco à son endroit, via un courrier recommandé dans lequel le directeur des affaires publiques de BAT France se disait «convaincu que les produits à nocivité réduite sont clés pour accélérer le basculement des fumeurs vers des modes de consommation à moindre risque». Le tabacologue dénonce une tentative de certains acteurs de l’industrie de surfer sur la vague du vapotage pour vendre ses nouveaux produits de tabac chauffé – Glo pour BAT, iQos pour Philip Morris –, sous couvert de réduction des risques. Cette stratégie permettrait aux géants du tabac de conserver la main sur un marché occidental en baisse structurelle.