Françoise Favre, cheffe de service de l’emploi:
«Nous avons reçu jusqu'à 1800 demandes de RHT par jour, soit 1500 fois plus que d'habitude. Au début, ces demandes arrivaient par courriers postaux qu'une vingtaine de personnes devaient trier, scanner et envoyer en traitement. Puis, dès avril, le canton de Vaud a innové avec un formulaire 100% en ligne.»
Une entreprise sur quatre. Depuis le début du semi-confinement à la mi-mars, une entreprise vaudoise sur quatre environ a requis le chômage partiel. Le canton a reçu 18'610 demandes d'employeurs pour quelque 112'000 salariés. Le service a traité environ 60% de ces demandes à ce jour.
Pour rappel, le chômage partiel – ou technique – permet aux employés de toucher 80% de leur salaire. Le but est de préserver les emplois, d'éviter les licenciements lorsqu'une entreprise n'a plus d'activité temporairement. La démarche se fait en deux étapes:
obtenir une autorisation de principe,
le versement par la caisse de chômage.
Travail à Pâques. Les procédures, assez complexes, ont été simplifiées. Mais un gros travail reste à accomplir pour les services cantonaux. Les effectifs sont mobilisés à 100%, et travaillent désormais le samedi. Philippe Leuba, conseiller d’Etat vaudois:
«Y compris à Pâques. Il a fallu limiter le travail à deux des quatre jours. Certains voulaient travailler plus.»
Christelle Pythoud, juriste:
«Tout le monde est très motivé. On se sent utile à l'économie. Il y a beaucoup d'enthousiasme, même si la matière n'est pas évidente.»
De deux à 100 personnes. Habituellement, deux personnes s'occupent de l'attribution des RHT. Désormais, ils sont une centaine à s'y consacrer entièrement. Il a fallu former, souvent par vidéoconférence, des collaborateurs d'autres secteurs, dont des Offices régionaux de placement (ORP). Philippe Leuba:
«Derrière les RHT, il y a des salaires. Sans ce travail, des gens ne touchent plus un franc et ne peuvent plus vivre.»
L'indépendant, qui n'est pas salarié de son entreprise, doit par exemple se tourner vers les APG (allocations pour perte de gain).
Contrôles. Dans le canton, rien qu'en avril, quelque 400 millions de francs devraient être distribués au titre des RHT. Avec quels contrôles? Les caisses de chômage, qui versent l'argent, réclament les fiches de salaire. Ivana Stano, cheffe de la caisse cantonale:
«Pour l'instant, il y a eu des rectifications, mais pas d'abus.»
Ultérieurement, le Secrétariat d'Etat à l'économie (Seco) pourra mener des contrôles en entreprise.
Pour les services cantonaux, la charge de travail devrait perdurer pendant plusieurs mois encore même si les premiers signes d'un déconfinement s'annoncent. Philippe Leuba:
«L'économie ne va pas repartir comme ça. Le choc économique sera plus durable que le choc sanitaire.»