Quantifier la sous-représentativité des femmes pour pouvoir agir
En octobre 2018, un rapport de la plate-forme européenne des instances de régulation dénonçait une sous-représentation claire et une mauvaise représentation des femmes au sein de l’industrie européenne des médias. Un an après, l’UER réalisait un sondage auprès de ses membres pour quantifier l’ampleur du problème en son sein. Le verdict est tombé: les femmes représentent 44% des salarié.e.s et seulement 25% des postes dirigeants. Noel Curran, directeur exécutif de l’UER est catégorique:
«L’inégalité et l’hypocrisie régissent les médias. Notre rôle de journaliste et producteur est de questionner, remettre en question, mener l’enquête et pointer du doigt les responsabilités. Nous le faisons systématiquement pour les autres et jamais pour nous même. Cela doit changer. Notre organisation est en tort. L’enjeu est très important pas seulement pour en terme de qualité, mais aussi en terme d’économie et d’organisation.»
Le pire exemple est celui du sport où seules 4% de femmes sont dans les médias, alors que 40% de la population féminine pratique un sport, d’après l’UNESCO. Autre exemple, en France, où l’Institut national de l’audiovisuel a découvert grâce à une étude réalisée à l’aide de l’intelligence artificielle que les voix féminines ne sont que 30% de celles entendues à la radio ou à la télévision.
Prendre des mesures concrètes: femmes leaders et égalité salariale
Pour offrir un portrait plus juste et représenter la société dans son ensemble et lutter contre la misogynie et servir la démocratie, l’UER a décidé des mesures concrètes comme engager davantage de femmes leaders et demander de l’aide à des chasseurs de tête pour trouver les candidates compétentes car le nombre de candidates est trop faible. Noel Curran:
«Nous en avons actuellement 32% de femmes managers et notre but est d’atteindre 40% dans les prochains mois. Dans plusieurs pays, cela reste cependant très difficile car certains médias engagent très peu de femmes. Néanmoins, en terme d’égalité, le service public est bien meilleur que le secteur privé. Nous recevons des fonds publics, nous sommes contrôlés par des entités étatiques, nous avons des valeurs, des horaires et des objectifs à respecter. Les médias du secteur privé sont loin derrière en termes de femmes dirigeantes.»
«Si certains sont réfractaires, nous les pousserons. Parfois, nous devons forcer les gens.»
En parallèle, l’UER a lancé un audit pour obtenir la certification Equal-salary proposée par le cabinet PwC. Le directeur exécutif pense les écarts peu élevés. Que va-t-il faire en cas d’inégalité? «Rehausser les revenus les plus bas», répond-il. L’aménagement des horaires est une autre mesure préconisée. Noel Curran indique aller lui-même chercher ses enfants à l’école deux fois par semaine et estime montrer ainsi l’exemple à ses employé.e.s.
Etablir le changement peut être critique au sein d’une entreprise, voire très émotionnel, Noel Curran en est conscient et se dit prêt à affronter les réactions:
«Mettre des femmes aux postes de manager est faisable, d’autres business l’ont montré. Nous voulons des politiques justes et si certains sont réfractaires, nous les pousserons. Parfois, nous devons forcer les gens.»