L'artiste suisse Not Vital au milieu de son œuvre "700 boules de neige", au Bündner Kunstmuseum à Coire en septembre 2017. (KEYSTONE/Ennio Leanza)
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Le soleil ne se couche jamais sur l’empire de Not Vital

Me voilà à Tarasp. Après Ernst Ludwig Kirchner, les Giacometti ou Giovanni Segantini, la scène artistique contemporaine, étrangère ou locale, s’inspire des lieux. Certains artistes profitent pleinement de l’essor économique de l’Engadine, sans hésiter à reproduire des œuvres inventées quelques années auparavant. Parmi eux, Not Vital, l’artiste grison hyperactif qui vit sur les cinq continents.

Publié le 08 octobre 2021 17:56. Modifié le 10 octobre 2021 08:12.

La Suisse est un pays de cols que les artistes n’ont jamais hésité à franchir. L’expressionniste allemand Kirchner, à la recherche d’air pur, l’Italien Giovanni Segantini, en quête de vérité et d’intégrité, sont deux exemples illustres de peintres étrangers venus s’établir dans les Grisons. Tous les deux y ont aujourd’hui un musée à leur nom. Parmi les amoureux de l’Engadine figurent des artistes de passage qui y laissent leur trace: à la suite de Joseph Beuys, Richard Long ou Gerhard Richter montrent par leurs œuvres que les paysages d’Engadine peuvent encore inspirer les mouvements artistiques contemporains.

En sens inverse, les artistes grisons ont eux aussi aimé franchir les frontières. Même si Alberto Giacometti, établi à Paris, revenait presque chaque année dans ses villages de Stampa ou de Maloja. La version contemporaine de Giacometti est peut-être Not Vital. A la fin des années 60, l’artiste quitte son village natal de Sent, en Basse-Engadine, pour se former à Paris. Dès 1974, il plonge dans l’effervescence créatrice new-yorkaise et côtoie Willem de Kooning, Jean-Michel Basquiat ou Julian Schnabel. Et revient à Sent pour les vacances.

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A Susch, en Engadine, la «Tuor per Susch» commandée par la milliardaire polonaise Grazyna Kulczyk à l’artiste suisse Not Vital pour signaler la présence de son musée. Photo: Kostas Maros pour Heidi.news

Le Corbusier a préféré devenir français. Not Vital, lui, est si fier de ses origines suisses que l’on devrait illico lui offrir le passeport diplomatique.

Une provocation à l’existence

Not? Not. Quand l’artiste grison fait ses débuts aux États-Unis, un critique d’art du Los Angeles Times s’agace de son nom, convaincu qu’il s’agit d’un pseudonyme du genre «No Future». Not est pourtant bien un prénom courant en Engadine. Tout comme le patronyme, Vital, originaire du village de Sent depuis 700 ans. Cette signature qui sonne comme une provocation à l’existence, ce nom à la fois globalisé et enraciné, conviennent parfaitement au personnage et à son œuvre.

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