L’Engadine, cette Provence de l’art suisse
Après Zurich et Bâle, je descends en Engadine, comme les Zurichois pour leurs vacances. Ce haut-plateau aux noms imprononçables et aux lacs verts est leur colonie rêvée. Je compte y rencontrer des personnalités cultivées et décomplexées qui brassent l’art et l’argent à ciel ouvert, dans un cadre plus séduisant que la Heimplatz de Zurich. Et ça tombe bien: en cet hiver de pandémie, ils sont tous là, disponibles au coin du feu, à attendre que la frénésie des voyages d’affaire les reprenne.
Lorsque la Milanaise Monica de Cardenas a ouvert sa galerie dans une ancienne ferme au cœur du vieux village de Zuoz, elle n’imaginait pas que cela se passerait aussi bien. C’était il y a quinze ans et à l’époque, même si Bruno Bischofberger, l’importateur du pop art, avait tracé la voie, il n’y avait guère que la galerie glaronnaise Tschudi, installée quelques mètres plus haut dans le village, et l’allemande Karsten Greve, à Saint-Moritz, pour croire que la cote de l’alpe pouvait grimper aussi abruptement que ses sentiers.
L’ouverture d’une succursale du leader zurichois Hauser & Wirth est venue consolider l’instinct des pionniers. Aujourd’hui, une trentaine de galeries d’art de renommée internationale jalonnent les cinquante kilomètres qui relient le village de Sent à la station de Saint-Moritz en passant par le hameau de Madulain. La Galerie Tschudi a même décidé de fermer son siège de Glaris pour se consacrer entièrement aux Grisons.