Photo Kostas Maros pour Heidi.news
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Comment une artiste vaudoise et sa tronçonneuse ont conquis les Caraïbes

Dans les années 2000, l’art contemporain a flambé et quelques jeunes artistes suisses se sont fait connaître à l’international. Parmi eux, Claudia Comte. L’artiste vaudoise a acheté sur une colline près de Liestal, Bâle-Campagne, une propriété où elle vit et produit en autarcie. De là-haut, la fille des forêts de Grancy, ancienne rebelle de l’Ecal, fabrique des troncs pour le fond des océans et pour les plus grands musées d’Europe ou d’Amérique. Patronne d’une véritable PME, Claudia Comte illustre la génération des artistes managers.

Publié le 09 novembre 2021 08:00. Modifié le 09 novembre 2021 14:09.

Il y a eu ce moment où elle s’est mise à parler de son grand-père. Dans sa cuisine, Claudia Comte faisait défiler sur son iPad des photos de ses installations autour du monde: les murs du Castello di Rivoli à Turin, puis le projet qu’elle démarrait alors pour habiller l’une des façades de 70 mètres de haut du campus Novartis à Bâle, enfin la petite vidéo d’immersion d’un plongeur entre les cactus de béton qu’elle a plantés au fond de la mer des Caraïbes et qui était exposée dans la galerie qui la représente à Berlin. Nous étions là, à parler du monde entier zébré par Claudia Comte. Je lui avais demandé de me montrer sa maison d’enfance. Elle avait trouvé une photo du chalet familial à Grancy, Vaud, où elle a grandi, tout près de la forêt. Sur la suivante, on voyait un vieux monsieur en salopette bleue debout entre deux immenses sculptures en bois. «Mon grand-père était fromager. Il fabriquait du gruyère et du vacherin au chaudron sur le feu. Pour contrôler la température, il mettait le coude dans le chaudron.»

Son grand-père lui a donné le goût de la fondue. Elle a dû raconter l’anecdote du coude dans le fromage des milliers de fois, ça fait partie du storytelling, de la légende Claudia Comte, très à l’aise avec son propre marketing. J’adore la lueur de fierté que je vois dans ses yeux. Les fondues de Claudia Comte sont fameuses dans le monde de l’art contemporain. La Vaudoise en avait toujours dans ses bagages quand elle partait en résidence artistique. «J’en ai servi en Afrique du Sud, à Venise, et même dans les montagnes de l’Oural quand j’ai accompagné un groupe de dendrochronologues.» De la fondue de son grand-père, elle a même fait une installation en séparant le caquelon en quatre quarts et en colorant le fromage des compartiments en jaune, vert, rouge et bleu, «comme un jeu de UNO».

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