Comment le petit musée d’Aarau est devenu notre grande galerie nationale
Berlin, Londres, Paris: tous les pays ont une galerie nationale au cœur de leur capitale. Mais dans notre pays, l’art suisse est laissé aux petits musées cantonaux. Aarau a constitué la plus importante collection publique d’art suisse en bravant les règles du fédéralisme. Je tente de comprendre pourquoi.
Aujourd’hui, c’est riz casimir et jus de pomme pour tout le monde. Sous la tente dressée devant le musée des beaux-arts d’Argovie en ce lundi de juin, une petite cinquantaine de personnes est attablée autour de la directrice, Katharina Ammann. L’équipe se retrouve pour échanger des idées et relancer les activités après la longue période de fermeture pandémique. Parce qu’il est midi, on me tend une assiette et des couverts en plastique.
Je suis venue à Aarau pour tenter de comprendre un paradoxe. La Suisse compte une densité impressionnante de musées d’art publics. Les grandes villes (et les grands cantons) ne cessent d’agrandir les leurs.
Trois siècles de création
Pourtant, c’est bien ici, à Aarau, à une demi-heure des portes en laiton du nouveau Kunsthaus de Zurich, dans cette ville d’un peu plus de 20’000 habitants, que se trouve la plus importante collection publique d’art suisse: plus de trois siècles de création, de Caspar Wolf à Cuno Amiet et de Füssli à Fischli & Weiss.