A Bâle, l’amour de l’art existait bien avant la foire
Ce n’est pas un hasard si la plus grande foire d’art du monde est née à Bâle, au bord du Rhin, dans la ville de la pharma. Sam Keller, le directeur de la Fondation Beyeler, nous raconte la rencontre dès le 17e siècle entre la création et une ville prospère qui compte plus de 40 musées. Serait-ce le centre artistique de la Suisse? On en parle.
L’art se faufile partout en ville pendant Art Basel. Cette année, l’artiste randonneur britannique Hamish Fulton a fait déambuler des passants devant le Rathaus pour réaliser l’une de ses performances. Un duo de plasticiens lituaniens s’est glissé dans un hall du Campus Novartis avec une œuvre sur le corps et ses transformations. Claudia Comte, l’artiste vaudoise dont je raconterai l’incroyable percée internationale plus tard dans cette Exploration, a investi une salle de concert où les danseurs et les musiciens déambulent entre ses toiles posées sur des tréteaux. Les vitrines du Theater Basel montrent des couples étranges sculptés par un artiste mexicain. Surprendre le public là où il se trouve est peut-être une bonne manière pour l’art contemporain de ne plus faire peur. C’est ce que je me disais en suivant quelques-unes des vingt étapes de «Parcours», l’exposition en ville qui se tient pendant la foire.
Bien sûr, la semaine est particulière. Mais dans cette cité où l’industrie pharmaceutique se construit des tours sublimes et nourrit les artistes, l’ambiance ne ressemble à aucune autre. Bâle, c’est la ville de Suisse qui compte le plus de musées: une quarantaine. Et la plupart ont acquis une renommée internationale, comme la Fondation Beyeler, le Kunstmuseum, le Tinguely Museum ou le Schaulager, qui combine espaces de stockage et d’exposition pour les œuvres d’art contemporain de la Fondation Emanuel Hoffmann.
Le miracle Picasso
Il faut dire qu’au bord du Rhin, on n’a pas l’air de chipoter sur les dépenses artistiques. Le canton de Bâle-Ville dispose de l’un des budgets culturels par habitant les plus élevés d’Europe. Auquel il faut ajouter la générosité d’un mécénat très envié. Peut-être parce que l’art fait partie de son paysage, la population bâloise n’hésite pas, quand on la consulte, à se montrer favorable aux dépenses culturelles – ce qui ne va curieusement pas de soi dans le reste de ce pays où l’art dégage pourtant tant d’argent.