Yusuf Bolat a créé le Kolektif Koordinasyon face à l'inaction d'Ankara pour faire face aux conséquences du séisme de février. | Eileen Hofer

Séisme en Turquie: la solidarité face à l’incurie d’Ankara

C'est déjà la dernière étape de notre road trip dans le Hatay, l’une des onze provinces frappées par le séisme de février, à la frontière avec la Syrie. A Samandag et Arsuz, tout au sud, nous allons au contact des bénévoles, souvent improvisés, qui se démènent pour apporter de l’aide aux sinistrés. Ecoles de fortune, distributions de café gratuits, chacun donne à sa manière.

Publié le 15 mai 2023 18:00. Modifié le 21 mai 2023 14:40.

Je suis à Samandağ, avant-dernière étape de mon road trip dans le Hatay. Barbe longue, dreadlocks, Yusuf Bolat (illustration ci-dessus) avait prévu de partir avec son sac à dos mi-février au Brésil. Il est venu rendre visite à sa famille avant son départ. Le séisme de février a depuis bousculé ses projets. «Le chaos régnait partout au lendemain du tremblement de terre. Un ami psychologue a voulu aider les enfants traumatisés. Nous avons installé une tente pour ses consultations et improvisé un terrain de jeu à côté.»

Si tu ne viens pas à l’école, l’école vient à toi

Face à l’inaction du gouvernement, Yusuf Bolat a pris le taureau par les cornes et fondé avec un groupe d’amis le Kolektif Koordinasyon. Ensemble, ils créent une académie, qui compte aujourd’hui 1200 élèves. «De nombreuses écoles étaient à l’arrêt. On nous dit que certaines vont rouvrir en septembre mais rien n’est sûr avec ce gouvernement. Nous ne voulions pas que les enfants se retrouvent hors du système scolaire, certains doivent passer des examens en juin pour planifier leur entrée au lycée. Nous avons obtenu des tentes de plusieurs ONG et lancé un SOS à l’échelle nationale.»

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A Samandag. Chacune de ces tentes abrite une classe improvisée. | EH

Une quarantaine de professeurs des quatre coins du pays ont répondu à l’appel et viennent enseigner à titre bénévole chez les sinistrés du séisme. «Ils logent comme nous, sous des tentes. Ici, chaque jour, nous avons 700 enfants.»

Kozma Sayek, le consul honoraire de France à Iskenderun, ouvre le coffre de sa voiture et en sort deux cartons. A l’intérieur se trouvent deux mille bols en plastique, pour boire la soupe. «Depuis le tremblement de terre, on est retourné à l’ère du troc. J’échange de la farine contre des vêtements en fonction des besoins.»

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Une famille de réfugiés syriens qui vit dans une tente avec ses cinq enfants, à Samandag.

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