A Antioche, trois mois après le séisme, des scènes dignes de Mad Max
Dans le Hatay, l’une des provinces les plus touchées du pays, le séisme ne passe pas. A Antakya (Antioche), berceau de la chrétienté, les pelleteuses travaillent à effacer les traces du terrible séisme de février, emportant pêle-mêle des gravats et des lambeaux de corps humains non identifiés. Personne ne semble se soucier du risque de pollution des eaux et des cultures.
«On dirait que nous sommes les seuls survivants de l’apocalypse, tu ne trouves pas?» Devant nous, des silhouettes poussent une brouette au milieu d’une forêt de tiges métalliques sorties du sol. Nous sommes arrivés à Antakya, mieux connue sous son nom français d’Antioche, capitale orientale de l’Empire romain et berceau historique de la chrétienté.
Je poursuis mon road trip dans le sud-est de la Turquie avec Kozma Sayek, le consul honoraire de France à Iskenderun pour le Hatay, province limitrophe de la Syrie. La région a été sous mandat français pendant vingt ans, de 1918 à 1938, et l’influence y a été profonde. Beaucoup de familles la font perdurer en envoyant leurs enfants dans des lycées français au Liban, en Syrie, voire en Suisse et en France.
Kozma Sayek a garé sa voiture sur Kurtuluş caddesi, l’avenue de l’indépendance, principale artère du centre d’Antioche. La rue adjacente était commerçante et piétonne, très animée. Il faisait bon s’asseoir à une terrasse ombragée pour siroter un ayran frais, cette boisson traditionnelle à base de yaourt salé, avant de poursuivre ses emplettes.
Une ville post-apocalyptique
Aujourd’hui, elle ne donne plus à voir que les entrailles d’une ville détruite. Des morceaux de vitres soufflées, des pages de livres arrachées, des jouets et des vêtements déchiquetés jonchent le sol.