Dessin: Antoine Maréchal pour Heidi.news

Un thé avec les sœurs de Buren

L’équipe de choc de Heidi.news est désormais constituée. A gauche, Claude Baechtold, à la fois candide et lucide. A droite, Antoine Harari, enquêteur infatigable. Après une visite au château du baron Pierre de Buren (à retrouver ici), qui a vendu au groupe Orllati la parcelle qui recèle une des plus grosses réserves de sable du canton de Vaud, parcelle dont le groupe Holcim se croyait le concessionnaire, il est temps d’aller voir ses sœurs, dans la ferme d’à côté, celles qui en ont assez de passer pour des tartes.

Publié le 21 avril 2021 05:55. Modifié le 31 août 2022 14:41.

Antoine sortait d’une enquête d’un an sur les trafiquants de pétrole libyen à Malte et recevait les messages inquiets de policiers italiens qui lui disaient de prendre des vacances. Aussi, il n’était pas fâché de prendre le thé dans ce sage pays vaudois et se préparait à une enquête tranquille. Claude, lui, revenait de sa balade dans le Val d’Hérens et se préparait aussi à une enquête tranquille.

Bien évidemment, nous nous trompions tous les deux.

Lorsque nous rencontrons Anne, Geneviève et Claire de Buren, leur détermination et leur humour nous ont tout de suite évoqué un épisode de la série Drôles de dames.

Ces trois sœurs détonent au milieu d’une atmosphère bucolique: nous sommes dans une cour pavée de boulets à l’ancienne, parcourue d’herbes folles et de jouets pour enfants rangés près de la petite Opel Agila avec laquelle Claire est venue nous chercher à la gare de Morges.

«Comme vous pouvez le constater, Monsieur Harari, notre père aurait voulu que nous épousions un bon parti, mais nous ne sommes jamais entrées dans le moule. Un jour, une dame très riche qui pensait que nous étions de la haute société nous a dit en voyant notre jardin: “et moi qui pensait que nous étions du même monde!” et elle ne nous a plus jamais adressé la parole.»

«Nous qui ne sommes rien»

Les trois sœurs rient de bon cœur:

«Nous on l’adore, cette ferme, Monsieur Baechtold. A priori c’est notre frère qui aurait dû en hériter, en plus du château, du bois et de tout le domaine viticole. Mais avant de mourir, notre père s’est rendu compte du déséquilibre du partage, alors la ferme, il nous l’a léguée, à nous ses trois filles. Nous sommes attachées à ce lieu, à tout ce que nous avons partagé avec nos grands-parents et surtout notre grand-mère Marie-Dorette qui a vécu si longtemps au château.»

On aperçoit en effet juste derrière le mur de la cour le château de leur frère, interviewé à l’épisode précédent.

Geneviève reprend:

«Rien que d’accepter cette ferme en héritage, c'était déjà compliqué. De nous, les filles de la famille, on n’a jamais rien attendu, à part qu’on s’efface de l’histoire familiale. La lignée de Buren se transmet de mâle à mâle depuis toujours. Il ne nous est jamais venu à l’idée de remettre en cause cette règle. Mais de fait, nous n’apparaissons nulle part, ni dans les archives cantonales, ni dans l’histoire du château. Alors pour nous qui ne sommes rien, c’était important de conserver une petite place dans le domaine. Mais notre frère l’a mal pris et depuis, il ne nous parle plus.»

Silence dans le salon, le thé fume dans les tasses.

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