Publié le 28 décembre 2020 05:30. Modifié le 30 janvier 2021 01:29.
Cela fait maintenant presque six mois que je travaille chez T.corp, mon moral est au trente-sixième dessous.
J’en ai soupé des tableaux Excel, du Revenu management et des meetings interminables et inutiles. Je m’ennuie à mourir. Mon mentor m’a longuement exposé sa théorie. Selon lui, les six premiers mois sont une mise à l’épreuve: si le candidat résiste, il devient un vrai employé de la boîte et fait officiellement partie de l’équipe.
Après six mois (quasi jour pour jour!), je suis convoquée par le chef de département. La théorie de mon mentor semble se confirmer.
Enfin un travail qui se rapproche de la place pour laquelle j’ai postulé! Je suis aux anges. Comme je change d’équipe, je vais aussi changer de chef. Du voyou, je passe à la femme parfaite.
Y. san est très impressionnante. J’ai peur car toutes mes mauvaises expériences précédentes l’ont été avec des femmes. Les reines des abeilles sont sans pitié. Je montre patte blanche, je veux juste faire un job intéressant et apprendre. J’ai de la chance: Y. san a compris quels sont mes intérêts. Je lui voue immédiatement une loyauté sans limites.
Ma nouvelle équipe comprend une de mes amies coréennes. Joie et bonheur, nous allons travailler ensemble et gagner en efficacité. Mon amie modère toutefois mon enthousiasme: on est toujours au Japon, où le changement n’est pas considéré comme positif.
En effet, cette nouvelle étape sera placée sous le signe du conflit permanent avec les managers les plus anciens, réticents à toute innovation. J’évaluerai plusieurs fois la possibilité de jeter mon ordinateur par la fenêtre (et le vieux manager avec), je hurlerai contre les goûts infâmes des designers rococos de la boîte, j’aurai souvent des envies de meurtre et je travaillerai sur l’art du compromis à contrecœur. Une nouvelle ère commence, rebondissements garantis.
