Une auberge providentielle et inquiétante
Après un détour par New-York où nous en avons partagé une soirée avec Florence et ses deux acolytes du service climatique effectué au Groenland, nous sommes de retour en Italie, de plus en plus proche de Naples, quelques semaines après l’éruption. Les trois adolescents ont abandonné leur Alfa, tombée en rade d’essence. L'apparition d'une auberge avorte la controverse sur le mystère Alix. Mais Virgile continue de s'en méfier et va fouiller son sac.
L’eau brûlante ruisselle sur ses cheveux, ses épaules, ressuscite progressivement son corps tout entier. Nora ferme les yeux et profite de cette douche providentielle. Les kilomètres de marche, la pluie glaciale, les nuits dehors, la peur au ventre, même les images en flashs d’un homme étendu dans la boue, tout cela s’évacue avec l’eau sale par la grille à ses pieds. Juste à côté d’elle, Alix se tient dans la même position, jambes bien campées, bras relâchés, tête redressée, paupières closes sous le pommeau fixe qui crache durant vingt secondes son jet chaud – ensuite, il faut appuyer à nouveau sur le bouton. Nora est nue à côté d’Alix et n’est même pas si gênée que ça. En arrivant à l’entrée des vestiaires, filles et garçons, elle a hésité à suivre Virgile et Vasko, avant que le réflexe d’enfance, la mécanique scolaire ne fasse son travail : tu es une fille, tu restes chez les filles.
Et puis comme Alix n’avait pas l’air de s’embarrasser de sa présence, elle s’est déshabillée, est entrée, un bras devant le sexe et l’autre sur la poitrine, dans la pièce carrelée où s’alignaient des douches sans séparation.