Le secret de la licorne

Publié le 03 avril 2021 05:43. Modifié le 04 avril 2021 12:49.

Mon corps vacille à gauche, à droite. Roule un peu. À droite. Puis à gauche. Le roulis continue son chemin. Mes yeux s’entrouvrent, regardent l’heure à la pendule. Neuf heures du matin, je suis en retard. J’ai raté encore une fois le lever de soleil sur le pont, l’aurore qui se reflète dans les vitres du bridge. Mon regard tourne dans la pièce, suivant le mouvement lancinant de ma tête sur l’oreiller. Une fenêtre ouverte me surplombe, un arbre se balance au gré du vent, les avocats chancellent de leur vert éclatant, un paille en queue dessine dans le ciel son vol en blanc. Je suis chez moi. À La Réunion. La tempête Iman est passée il y a quelques jours sur l’île. La pluie diluvienne a trempé les sols asséchés, irrigué les plantes assoiffées, le vent a cassé les branches les plus faibles. Je me rappelle. Flash. Les éclairs, l’orage, les lumières éclairant la nuit, le tonnerre qui empêche un sommeil troublé, les images qui se confondent. Les sauvetages, les amis, les rescapés sur le pont, le bleu, partout, dans toutes ses nuances, du plus clair au plus sombre. Puis le réveil au matin où il fallait tout reconstruire, tout ré-envisager, pour habiter à nouveau les lieux, se tenir à nouveau debout et tenter de regarder dans la bonne direction. L’océan indien. La Méditerranée. Depuis une semaine je n’y suis plus. Depuis une semaine je suis rentré. Depuis une semaine je suis chez moi. Depuis une semaine je ne sais plus où je suis. Ni tout à fait ici, ni tout à fait là bas. À dix mille kilomètres au sud de Marseille, je ressens encore les vibrations de l’Ocean Viking. Elles ne cessent de résonner en moi.

Hier, 10 mars 2021. L’info apparait sur mon téléphone. Une alerte Twitter en quelques caractères choisis et une vidéo informative: lever d’ancre, rade de Marseille, des silhouettes connues et inconnues se succèdent brièvement sur mon écran.

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