A la source du Rhône, au chevet du «glacier-mère» de la Suisse
Les glaciers ont longtemps suscité la peur dans les vallées. Leurs neiges éternelles — parfois meurtrières — étaient perçues comme le refuge d’âmes en peine. Un purgatoire dont les catastrophes naturelles ne pouvaient être que la manifestation d’une «colère divine». Depuis, l’essor du tourisme alpin — qui a germé avec l’arrivée des premiers touristes anglais dans les années 1850 – a profondément bouleversé notre rapport à ces géants de glace. Au glacier du Rhône, c’est en se plongeant dans les entrailles de la bête – d'antan sacrées – qu’on constate au mieux son agonie.
Dans la grotte du glacier du Rhône, l’urgence climatique se mesure aux gouttes qui nous tombent sur la tête. Il faut dire que l’exploitation de ce tunnel gelé – qui a débuté dans les années 1870 – s’est transformée en véritable course contre la montre. Chaque année, le glacier recule d’une dizaine de mètres, si bien que la galerie doit sans cesse être déplacée, et recreusée.