Une école de rêve est possible: des élèves genevois l'ont dessinée
Ils terminent l’école obligatoire et ont bien des choses à dire. A quelques jours de quitter le cycle d'orientation après 11 ans de scolarité, des élèves genevois réinventent l’école, jusqu’à la forme de ses murs. Voici un résumé de trois heures d'intenses - et très constructives - discussions.
Je vous ai vus venir, chères lectrices, chers lecteurs. Vous alliez nous adresser ce reproche: «Comment? Vous faites une Exploration pour réinventer l’école et vous ne parlez pas aux premiers concernés, les élèves?» Rendez-vous a donc été pris avec la classe 1131 du cycle de la Gradelle, dans le canton de Genève. Tout d’abord «chez elle» fin mai, pour présenter le projet, poser le cadre des réflexions futures et définir ensemble les quatre thématiques à traiter: disciplines; structures; architecture; aménagement du temps. Puis les 23 élèves, accompagnés par leur prof de français Jean-Marc Cuenet, sont venus la semaine dernière à la rédaction de Heidi.news, pour livrer leur copie sous forme de vifs débats.
Premier constat: il est illusoire de vouloir faire obéir des ados, qui n’en font qu’à leur tête (par ailleurs bien faite)! Car les quatre groupes de travail formés pour empoigner les thématiques ont immédiatement convenu qu’il leur était impossible d’avancer séparément, tous les sujets étant liés les uns aux autres. Et tant pis pour le journaliste qui espérait quatre chapitres livrés clef en main qu’il n’aurait plus qu’à assembler pour constituer le Grand Tout!
1. Les bâtiments
Deuxième constat, plus étonnant: pour la classe 1131, le point de départ pour réinventer l’école est de repenser les bâtiments et l’utilisation de l’espace. «C’était trop dur de partir de zéro», résume Henri. Lui et ses camarades ont donc pris comme base les plans de la Gradelle et ont débarqué à la rédaction avec une version modifiée. «Ces plans nous permettent de nous projeter dans quelque chose de réel», ajoute Emma. Pour la 1131, l’école d’aujourd’hui épouse trop les contours d’une «prison», pour reprendre les mots de Chloé, qui font d’ailleurs écho à ceux de la directrice artistique d’un studio d’architecture de Copenhague que nous avions rencontrée dans cette Exploration (à lire ici).
Les enfants réclament de l’espace, de l’ouverture, de la circulation, de la variété. Cela se traduit par de grands auditoriums pensés pour regrouper plusieurs classes, dédiés «aux parties théoriques», complétés par plusieurs petites salles de travail «pour réaliser des projets ou simplement les utiliser comme des espaces libres», détaille Mathilde, l’auteure d’un des plans. Les exemples d’alternance entre enseignement «classique» et apprentissage par projets découverts dans le reportage au Val-de-Ruz (voir épisode 1), ont conquis ces ados qui n’envisagent plus d’autre modèle pour «leur» école. On le comprend: halte au cours magistral du prof sur son piédestal! «Moi, je m’endors lors des cours théoriques durant lesquels il n’y a que le prof qui est actif. Nous avons besoin de la théorie, mais la question est de savoir comment l’enseigner pour qu’on l’apprenne», affirme David.
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