Anne-Laure Zeller dans le «Centre», une seule et unique pièce. | Eddy Mottaz pour Heidi.news

Racisme à Genève: faute de moyens, un centre d'écoute à moitié sourd

Le Centre écoute contre le racisme de Genève a enregistré 90 cas en 2021, contre 120 l'année précédente. Le racisme serait-il en recul au bout du lac? A y regarder de plus près, l'association a surtout vu ses maigres crédits fondre brutalement. Faute de moyens, elle peine à faire connaître ses services aux personnes concernées.

Publié le 07 février 2023 16:00. Modifié le 10 février 2023 11:54.

On aurait pu s’attendre à ce que Genève, ville internationale qui compte tant d’imposantes et prestigieuses institutions, le Centre écoute contre le racisme ait pignon sur rue. On pouvait espérer que la capitale des droits humains, de l’action humanitaire et du multilatéralisme, qui compte 41% d’étrangers de 189 nationalités, fasse grand cas de son bureau cantonal chargé d’entendre les souffrances des victimes du racisme.

Celles-ci auront pourtant de la peine à le trouver. Au 27 boulevard Helvétique, entre un restaurant et un vendeur de valises, au 6e étage d’un immeuble décati au-dessus des halles de Rive, le Centre écoute contre le racisme (CECR) est invisible de la rue.

On sonne à une porte grise qui rappelle que les consultations sont «sur rendez-vous uniquement». Une femme d’une quarantaine d’année ouvre, très affairée et accueillante. Anne-Laure Zeller est la coordinatrice du CECR. Un emploi à 50% seulement pour coordonner les activités du centre et assurer la permanence d’écoute avec un autre collaborateur à temps partiel, Adola Fofana, en télétravail ce jour-là.

Des locaux sous loués et partagés

Quant au «centre», il consiste en une seule et unique pièce au plafond bas, éclairée par une seule fenêtre et partagée avec une autre association. «Nous avons dû sous-louer pour avoir un loyer correct», s’excuse Anne-Laure Zeller, sans dévoiler la somme. L’espace est divisé en trois par des vitrages coulissants et des rideaux. D’un côté, l’entrée et ses rangements, de l’autre, une partie conçue pour recueillir la parole des victimes de racisme. Un dernier espace compte trois places de travail face au mur. La coordinatrice a tout de même réussi le tour de force de rendre le tout chaleureux, avec des affiches, des fauteuils blancs, des tasses de thé et de café à portée de main.

«La première année, les collaborateurs du centre avaient déjà été engagés mais n’avait pas de locaux pour accueillir qui que ce soit. Nous n’avons pas eu de facilité particulière pour trouver ceux-ci en 2013, malgré nos liens avec l’Etat», dit-elle.

Nicolas Roguet, le délégué à l'intégration pour l’Etat de Genève, ne voit pour sa part que des avantages à cette adresse du boulevard Helvétique. «Un tel endroit doit être discret pour les personnes qui viennent se confier. Le lieu est modeste mais fonctionnel, d’autant qu’il ne servirait à rien d'avoir un grand espace qui ne soit pas occupé à temps plein. Et le prix était extrêmement intéressant.»

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