Un portrait de Shireen Abu Akleh orne le mur de séparation de Béthléem. | Lorène Mesot

Journaliste en Palestine, ce métier impossible

Le 11 mai 2022, la très populaire reporter américano-palestinienne Shireen Abu Akleh a été abattue d’une balle dans la tête à l’entrée du camp de réfugiés de Jénine. Le projectile a blessé toute la profession. Deux journalistes en Cisjordanie disent l’intimidation et les galères, mais aussi leur amour du métier. Il en faut, car leur route est semée de dangers et d'obstacles.

Publié le 18 avril 2023 18:00. Modifié le 23 avril 2023 15:44.

Il est palestinien, elle est américaine. Il a grandi dans un camp de réfugiés à Bethléem, elle, au Texas. Quaiss al-Quaissi l’expliquait dans un précédent épisode, il travaille pour une radio locale. Yumna Patel, elle, est directrice de l’information pour la Palestine au sein du média Mondoweiss, un site web indépendant pro-palestinien, couvrant l’occupation et la politique américaine à l’égard d’Israël.

Ils ont tous les deux 28 ans et un parcours tout à fait différent. Quaiss al-Quaissi est devenu journaliste, «un peu par hasard», dit-il. Un ami de la famille l’a encouragé à étudier la profession dans une des universités de la ville. Il a accroché. «Le job a du sens, il nous ouvre les portes de l’information et il me donne l’impression de faire ma part».

Yumna Patel, elle, a mis les pieds pour la première fois dans les territoires occupés en 2014, dans le cadre d’un voyage universitaire. «La situation m’a vraiment ébranlée. J’ai grandi dans une famille musulmane au Texas et j’avais des amis palestiniens. J’avais l’impression d'avoir passé toute ma vie à entendre parler de la Palestine. Mais en fait, je n’avais rien saisi jusqu’à ce que j’atterrisse ici. Une fois que j’ai découvert la région, je ne pouvais pas ne pas revenir. Comme journaliste, c’est à la fois une évidence et une obligation», raconte celle qui a finalement sauté le pas en venant habiter sur place en 2016.

«La violence ne naît pas de nulle part»

Assise à l’une des tables en bois du café du camp de réfugiés d’Aïda, à Bethléem, qui lui sert à la fois de bureau et de lieu de rencontres, la jeune femme donne volontiers sa perception de la couverture médiatique occidentale de l’occupation:

«Vu d’ici, on sent vraiment le deux poids, deux mesures des médias occidentaux quand il s’agit de couvrir Israël et la Palestine. Il y a un récit déshumanisant qui s’est perpétué autour des Palestiniens, décrits comme les violents, les terroristes.

Cet article est réservé aux abonnés.

Pour lire la suite de cet article et des milliers d'autres, abonnez-vous à partir de CHF 16.- par mois.

Le journalisme de qualité nécessite du temps, de l'investigation et des moyens. Heidi.news est sans publicité. L'avenir de votre média dépend de vous.

Je profite des 30 premiers jours gratuits

Les bonnes raisons de s’abonner à Heidi.news :

  • Un mois d’essai, sans engagement sur votre premier abonnement
  • La newsletter le Point du jour édition abonnés
  • Les archives en illimité
  • Des échanges avec nos journalistes