A l'entrée du vieux marché d'Hébron, en février 2023. | Riva-press / Lucien Lung

Hébron, rester coûte que coûte, sous l’œil du fusil

Personne n’arrive à Hébron par hasard. Complexe, violente et convoitée, la ville donne à voir l’occupation à son paroxysme. Visite à trente kilomètres au sud de Jérusalem, dans une des cités les plus anciennes du Proche-Orient que les rêves messianiques ont transformé en cauchemar. 

Publié le 25 avril 2023 15:25. Modifié le 28 avril 2023 07:51.

Ce dimanche après-midi de février, une dizaine de jeunes descend d’un bus blanc, les bras chargés d’affaires. Ils rigolent, chahutent, tout de kaki vêtus. Dans une main, une jeune fille porte un sac rose à l’effigie de Minnie, dans l’autre un fusil d’assaut. Ce ne sont pas des collégiens, mais des soldats. Ici pour servir Israël dans l’une des villes les plus violentes, complexes et convoitées du territoire occupé.

Dans le quartier, des checkpoints parsèment les rues délabrées, tous les 50 ou 100 mètres. A l’entrée de la rue Shuhada, l’un d’entre eux donne le ton. Une arme y est apparue en septembre dernier, entre les barbelés et les filets de camouflage, le canon braqué sur les passants. Les Palestiniens du coin se font dévisager tous les jours par l'œil froid de sa caméra. Ici, pas de soldat: l’arme peut traquer et neutraliser une cible de façon autonome. Le progrès.

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A en croire la presse israélienne, le fusil automatique tire des projectiles en plastique pour la dispersion des foules. A ma connaissance, personne n’a encore eu l’occasion de s’en assurer.

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Une femme rentre chez elle, dans la zone H2 de Hébron, le 12 fevrier 2023. | Riva-press / Lucien Lung

Ambiance fin du monde

Autrefois, la rue Shuhada était l’une des rues commerçantes les plus animées de la cité. Aujourd’hui déserte, elle pourrait servir de décor à une série post-apocalyptique. Les portes en métal des magasins ont été soudées et leurs auvents, vert-de-gris, rongés par la rouille. Dans cette ambiance de fin du monde, claquent des drapeaux israéliens rutilants, disposés à tous les coins de rue. Un jogger en short survole le bitume à grandes foulées – un soldat en permission. Sur le toit d’une bâtisse, trône un panneau. Il y est inscrit «Hébron, 4000 ans d’histoire juive».

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Dans la zone H2, la rue Shuhada est aujourd'hui déserte. | Riva-press / Lucien Lung

Des familles palestiniennes habitent dans certains des bâtiments décrépis, calfeutrées derrière des barreaux. La silhouette d’un petit garçon, intrigué, se découpe dans le ciel. Un soldat lui fait signe de reculer d’un geste de la main.

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