En territoire occupé, rencontre avec un dealer de cartes SIM
Dans les territoires palestiniens occupés, la 4G est un crime. Les cartes SIM palestiniennes sont coincées à l’époque de la 3G en Cisjordanie et même de la 2G à Gaza. La vente de cartes israéliennes est, elle, illégale. Une fracture technologique dont beaucoup font fi: le marché noir fleurit au nez et à la barbe des autorités, raconte un vendeur tombé du lit.
Il préfère taire son nom, car tous les jours il risque la prison. Khaled* est un criminel du téléphone portable, un baron de la carte SIM, un gangster du +972, l’indicatif d’Israël. Dans l’un des principaux centres urbains de Cisjordanie, où il tient un magasin de téléphonie mobile, il écoule un stock sans cesse renouvelé de cartes SIM israéliennes, pourtant interdites à la vente en territoires occupés. Un marché noir très rentable, nous confie-t-il, avec le visage froissé de celui qui vient de se réveiller.
Le coup de téléphone annonçant notre arrivée l’a tiré du lit. Qu’importe, il est toujours prêt à filer un coup de main, «pourvu qu’on ne le reconnaisse pas dans l’article» et qu’il y ait un café à portée de main. Dans la maison familiale, cousins, parents et enfants, bien réveillés, le regardent s’installer dans son fauteuil, amusés. La matinée est déjà bien avancée.
Alors seulement, sa fille sur les genoux, la télévision en bruit de fond, Khaled raconte son business.
«L’avantage pour nous des cartes israéliennes, c’est qu’on fait une marge de 35% dessus, contre seulement 20% pour les cartes palestiniennes», commence-t-il.