Gandi pose sur le toit de la batisse qui abrite son stand de jus de fruits, dans le vieux Hébron, le 12 février 2023. | Riva-press / Lucien Lung

A Hébron, la gouaille de Gandi l'attrape-touristes

Gandi vend des jus de fruits dans le vieux Hébron et survit grâce aux pourboires des touristes qu’il fait grimper sur la terrasse de son toit. Ces dernières années, les étrangers se sont fait plus rares, mais un «tourisme géopolitique» subsiste.

Publié le 28 avril 2023 06:00. Modifié le 02 mai 2023 07:48.

Dans son blouson de cuir noir, il roule des mécaniques devant les visiteurs dans un anglais approximatif. «J’ai appris à parler anglais avec les touristes. Au début, je disais “yes, yes” à tout, ça m’a valu quelques problèmes. Tu me donnes quel âge?»

S’il dit la vérité, Gandi a 26 ans. Ce qui est sûr à ce stade, c’est que sous sa coupe de cheveux à la Elvis, il a un sacré bagou. Gandi est un enfant d’Hébron. Il est né dans la vieille ville et y a passé toute sa vie, sauf quand, enhardi à l’adolescence, il s’est faufilé par-dessus les barbelés du mur de séparation pour découvrir «la Palestine» — autrement dit, Israël et ses 9 millions d’habitants.

Gandi ne lira jamais cet article. Il ne sait ni lire, ni écrire. Il a arrêté l’école trop tôt. L’établissement n’était qu’à quelques rues, mais le chemin pour s’y rendre semé d’embûches. Les rudoiements des soldats aux checkpoints et la précarité de sa famille l’ont conduit dans la rue dès l’enfance. Il l’arpentait gamin, troquant un sourire et quelques informations sur sa ville contre une pièce. Vingt ans plus tard, peu de choses ont changé.

Les étrangers se font plus rares, mais un «tourisme géopolitique» s’est développé et subsiste côté palestinien. Ces touristes-là n’ont rien de plagistes: ce sont surtout des solitaires en sac-à-dos, des militants, des retraités intellos, des groupes scolaires, des gens qui veulent vivre quelques heures «comme dans les films».

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Gandi tient un stand dans la casbah d’Hébron. Pour quelques shekels, il vend des jus de fruits frais aux touristes et leur propose de monter sur le toit en terrasse de la bâtisse du dessus. Là, il explique la géographie morcelée de sa ville, l’une des plus violentes et complexes de Cisjordanie.

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