En Israël, comment réussir dans la high-tech sans passer par l’armée?
Dressée vers les cieux d’Israël, la tour vertigineuse de la rue Metsada 7 est à la lisière entre deux mondes: celui de Dieu et celui de la tech. A l’orée de Bnei Brak, la plus grande ville ultra-orthodoxe du pays, ce gratte-ciel fourmille d’entreprises actives dans les nouvelles technologies. Un lieu symbolique pour le grand projet de l’entrepreneur Moshe Friedman: transformer les juifs les plus religieux d’Israël en acteurs incontournables de la tech.
Ce fils de rabbin âgé de 43 ans est le patron de Kamatech, une plateforme destinée à soutenir les entrepreneurs ultra-orthodoxes. Un confrère me l’a chaudement recommandé, mais Moshe est suroccupé: il me faudra lui adresser plusieurs messages et quelques suppliques au Mur des Lamentations pour ouvrir enfin la porte de son bureau.
La révolution technologique dont il rêve est ici déjà réalité. Il est dix heures et, comme dans toutes les entreprises, les employés font une pause. Un moment banal si ce n’est qu’autour de la machine à café sont réunis des fidèles issus des mouvances les plus fermées du judaïsme. Dans un coin, je scrute la forme des couvre-chefs noirs, le style des chaussettes, la taille des papillotes, le coiffage de la barbe. «Moishe, a tsuker? Aun du Avrahami?» (Moïse, veux-tu du sucre? Et toi Abraham?) Quelques bavardages en yiddish et une prière plus tard, ils sont replongés dans leur code informatique.