Dessin: Didier Kassaï pour Heidi.news

Ces frigos solaires partagés évitent un gaspillage massif sur les marchés nigérians

Les producteurs et les commerçants africains gaspillent chaque année des milliers de tonnes de nourriture. Et pourtant, c’est en Afrique que l’insécurité alimentaire est la plus grande. Un paradoxe principalement généré par l’absence d’un objet banalisé dans les pays développés: le réfrigérateur. Au Nigeria, Nnaemeka C. Ikegwuonu veut changer la donne en implantant des frigos solaires partagés sur les marchés.

Publié le 24 août 2020 17:10. Modifié le 25 août 2020 11:29.

Sur le marché d’Obinze, au sud du Nigeria, les clients ont plié bagage. La vente est terminée et les kilos de courgettes, de tomates et de choux s’amoncellent sur l’asphalte. L’odeur est parfois pestilentielle. Ahmad Makiala, vendeur de choux parmi des dizaines d’autres, reste là, l’air résigné, à regarder ses invendus pourrir au fond de ses panières en osier. «Je perds souvent jusqu’à 40% de mon investissement. Ca me fait mal mais il n’y a rien à faire. Ca fait partie de mon activité», glisse le détaillant de 22 ans. Encore 7 000 nairas (15 euros/ CHF 16,4) de perdus, sur les 17 000 nairas (37 euros/ CHF 39,90) sortis de sa poche pour acheter ses choux, ce jour-là. «La pluie et la chaleur sont des problèmes énormes pour nous.  Les choux pourrissent, on ne peut pas les conserver», soupire le jeune Nigérian.

Mais depuis peu, Ahmad Makiala a retrouvé le sourire. Son portefeuille est bien plus rempli qu’avant. Car à l’entrée du marché d’Obinze, un drôle de conteneur a fait son apparition. La chambre froide, réfrigérée grâce à des panneaux solaires posés sur son toit, permet aux commerçants des alentours de stocker leurs fruits et leurs légumes et d’ainsi augmenter leur durée de conservation de 2 à 21 jours. Baptisé «ColdHubs», ce conteneur partagé peut conserver jusqu’à trois tonnes de denrées périssables en même temps. Alors, avant chaque début de marché, un nouveau rituel s’est instauré à Obinze : les commerçants font la queue, une cagette en plastique à la main, avant d’entrer dans le local réfrigéré pour y déposer leurs marchandises.

Réservé aux abonnés

Cet article est réservé aux abonnés.

Déjà abonné(e) ? Se connecter