La science en terra incognita, des espions russes à la gueule de l’ours
Depuis le départ de l’expédition Vanishing Glaciers en 2018, rien ne s’est passé comme prévu. La pandémie, la guerre et le réchauffement climatique n’ont cessé de remodeler leurs terrains d’étude. Car la science en terra incognita, c’est aussi un défi sportif et humain.
Face à un ours, on redevient animal. L’homme retourne à une forme primitive de lui-même. Il entre brusquement dans le règne des proies et des prédateurs. Quand mon regard a rencontré celui de l’ours noir, j’ai oscillé entre émerveillement et prise de conscience de mon impuissance.
Les Alaskains nous avaient pourtant préparés. Quelques jours plus tôt, nous étions dans une banlieue d’Anchorage, ville américaine construite avec les recettes du pétrole. Dans un jardin entouré de haies, l’équipe de Vanishing Glaciers apprenait à se battre… contre un ours. Un grand gaillard à la barbe rousse, qui gagne son pain en construisant des plateformes de forage dans le champ pétrolifère de Prudhoe Bay, y allait de ses conseils: «Les ours sentent de la nourriture à plus de 30 kilomètres. Évitez d’emporter de la viande et du fromage. Des grizzlis nous ont déjà encerclés, on a dû appeler un hélicoptère pour les effaroucher…»
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