La guerre des détectives
Ils se sont côtoyés pendant treize ans. Des relations intenses, au moins financièrement: 2 milliards de transactions. L’un a fait la fortune de l’autre, qui lui a créé une des plus belles collections de tableaux au monde. Mais depuis le 25 février 2015 et l’arrestation à Monaco d’Yves Bouvier, c’est la guerre. Deux, guerres, en vérité. La première, en surface, va se dérouler devant les tribunaux de Monaco, Singapour, Hong Kong, Paris, Genève, New York. La deuxième est souterraine, avec des détectives engagés de part et d’autre. Objectif: destruction de l’ennemi. Tous les coups sont permis. Le premier à dégainer sera Yves Bouvier.
Ce 25 février 2015, en fin de matinée, Me Alexandre Camoletti débarque en urgence au 36, rue de Montchoisy, à Genève, dans les bureaux d’Alp Services SA, société d’investigation dirigée par le détective Mario Brero. «Qu’est-ce qu’il faut faire? Qu’est-ce qu’on va faire?» crie l’avocat alors âgé de 43 ans, se souvient un ex-employé de l’entreprise.
A 10 heures ce jour-là, Yves Bouvier a été arrêté par la police monégasque dans le hall du bâtiment de luxe La Belle Époque (voir épisode N°1). Les policiers l’autorisent néanmoins à appeler un avocat. Alexandre Camoletti devait être le premier averti, mais comme il ne répond pas tout de suite, c’est l’avocat commis d’office, le Monégasque Charles Lecuyer, qui le préviendra de cette arrestation qui va déclencher, à Genève et ailleurs, une bataille homérique.