Il y a une chose que les Intouchables peuvent toucher: les excréments
Où l’on comprend qu’en Inde, l’obstacle majeur de la lutte contre la défécation à l’air libre, ce sont de vieux réflexes culturels propres à l’hindouisme. Et notamment le mépris pour les Intouchables.
«Quand j’avais 7 ans, je me levais à l’aube avec ma mère. On marchait de maisons en maisons avec un panier sur la tête. Les gens nous indiquaient l’endroit où ils avaient laissé leurs excréments et on les débarrassait. Ma mère gagnait 10 roupies par mois et par maison, parfois des restes de nourriture, parfois quelques vieux habits. Quand j’ai été mariée, à 10 ans, mes beaux-parents m’avaient promis que j’arrêterai de nettoyer les matières fécales. Ce n’était pas vrai. J’ai continué. On devait mettre un voile avant d’entrer dans les foyers pour cacher notre visage devant les gens qui avaient honte de nous voir.
» Et puis le docteur Pathak est venu, il m’a demandé pourquoi je faisais ce métier. Je lui ai répondu que nous faisions cela depuis des générations. Qu’allions-nous devenir si nous arrêtions? Il a affrété un bus pour toute notre communauté d’Intouchables. C’était en 2003, j’avais 25 ans. Je quittais le Rajasthan pour la première fois. Je pénétrais dans une voiture pour la première fois. C’était l’Amérique! Il y avait l’air conditionné et un autoradio. En arrivant à New Delhi, j’ai découvert ce qu’étaient des toilettes occidentales, avec de l’eau qui coule.
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