J’écoute la fin du monde gronder au loin
Solal Gilbert, «un jeune homme dans un monde étrange, qui se balade et qui vit», écrit «depuis une fenêtre, un toit, une montagne».
Les voitures de police filent
Mes voisins partent, précipitamment dans une vieille brique de voiture
Les nuages sont immenses comme un toit lunaire, sphère d’argent cotonneux
Les gens marchent lentement, ils boitent, ils reviennent tous avec des sacs de course, ils font des réserves
Des jeunes font sonner des ballons, tout le monde s’arrête, des balles ont sifflé
La peur blanche, calme, lucide. La fin est si proche que le monde continue à tourner mais au ralenti, pour le garder quelques minutes de plus, ce monde en sursis
Les courses s’empilent dans le corridor, la sonnerie de l’école annonce la fin de la journée
Je contemple ce monde, ce toit fortuit, d’une beauté sans pareille, je sifflote dans le vent
La musique hispanique sonne venant de la chambre. Me prenant sans doute pour un héros des temps modernes, j’écoute la fin du monde gronder au loin.