Entre effort et plaisir, aux limites de l’ultra-trail
Impossible d’échapper à l’UTMB (Ultra-Trail du Mont-Blanc), l’un des rendez-vous les plus prisés de la discipline. Mercredi 28 août, notre explorateur est parti de Courmayeur à la recherche de ses limites; 145 kilomètres et 36 heures plus tard, il était à Chamonix, bardé d’incertitudes.
Une même question parcourt tous les récits de traileurs: où est ma limite? Jusqu’où, jusqu’à quand peut-on courir? Je ne parle pas des «élites» qui semblent l’avoir tranchée en montant sur leur premier podium. Je parle de tous les lambda qui, comme moi, se sont laissés entraîner dans cette exploration physique intime.
Nous ne sommes pas de la fibre d’une Lizzy Hawker qui a couru presque sans s’arrêter du camp de base de l’Everest à Katmandou, du Grec Yannis Kouros le bien nommé (303 kilomètres sur route en 24 heures), de Jasmin Paris qui a gagné la Spine Race (430 km et 16000 mètres de dénivelée) en allaitant son bébé, ou des moines du mont Hiei qui passent leur vie à courir plus d’un marathon par jour sur des sandales de paille… (je tiens ces données de Jean-Philippe Lefief et de son guide, Trail, que je viens d’éditer chez Guérin). Nous sommes les ultras traileurs d’un jour, les clampins qui n’ont pas résisté l’appel d’Henri Bergson: «Je ne vois qu’un seul moyen de savoir jusqu’où on peut aller, c’est de se mettre en route et de marcher». J’ai marché. Couru. Plongé. Découvert l’océan qui nous sépare de l’îlot enchanté où s’activent les rois de l’endurance. L’eau y est froide…