Port de Haifa, au nord d'Israël. Photo: Lucien Lung pour Heidi.news

Israël, terre de promesses, pour lui-même

Au fond, Israël invente des solutions pour le monde entier, sauf pour les territoires qu’il occupe. La double Exploration de Heidi.news vous raconte ce paradoxe, ces destins contraires de deux peuples juxtaposés sur la même terre.

Publié le 18 mars 2023 18:31. Modifié le 20 mars 2023 12:00.

Xenia, israélienne depuis deux ans, est heureuse et amoureuse ou plutôt polyamoureuse de deux hommes et une femme. A 30 km de son bar LGBT, Qaiss est malheureux. Il est Palestinien, journaliste le jour, agent de sécurité la nuit. Pour mieux vivre, il espère un job dans un supermarché, de l’autre côté.

Une terre, deux peuples. Un mur, deux mondes. Tout les sépare, à quelques kilomètres à vol d’oiseau:

  • En Israël, 9 millions d’Israéliens ont la vie devant eux. L’excellence des universités propulse les carrières, la technologie dope la croissance, les opportunités sont à l’échelle de la planète entière et l’offre culturelle d’une qualité à couper le souffle, dans une des sociétés les plus dynamiques et les plus ouvertes au monde.

  • Dans les territoires occupés, 5 millions de Palestiniens ont un mur devant eux. La vie est entravée par la corruption des autorités, les raids des forces d’occupation et l’agressivité des colons; les espoirs de grande carrière sont vains, la circulation routière est enrayée par 500 checkpoints et même les cartes SIM des téléphones sont bridées en 3G.

Heidi.news lance la publication de deux reportages parallèles pour décrire ces deux mondes de l’intérieur: Palestine, terre d’humiliation, par Lorène Mesot, dont le premier épisode est paru samedi dernier, et Israël, terre de promesses, par Sophie Woeldgen, dont le premier épisode est à lire ce matin. On est parti pour plusieurs semaines de textes en ligne, de part et d’autre du mur, avec des personnages et des situations qui vous marqueront.

L’Etat hébreu n’est pas un long fleuve tranquille. La société est polarisée, les élections se jouent sur le fil du rasoir, l’extrême droite et les ultra-religieux prennent de plus en plus de place et les 20% d’Arabes israéliens, même s’ils ont davantage d’opportunités que leurs frères des territoires occupés, se vivent comme des citoyens de seconde zone. Des manifestations monstres ont lieu depuis le 11 janvier, quand le nouveau ministre de la justice, Yariv Levin, un faucon, a publié son projet de réforme de la justice, qui veut limiter drastiquement les pouvoirs de la Cour suprême.

Deux Israël se font face: les tenants d’une démocratie libérale et séculaire contre les partisans d’un Etat plus religieux, nationaliste et autoritaire, conduit par un premier ministre, Benyamin Netanyahou, lui-même poursuivi par la justice pour une affaire de corruption.

Or Israël est comme une bulle au Moyen-Orient, composée elle-même de nombreuses bulles. Si bien que la recherche, les start-up, l’économie ou la culture poursuivent leur ardente existence, sans lien apparent avec les luttes politiques. Et franchement, ça va bien. L’Etat hébreu cultive l’innovation et l’excellence, multiplie les découvertes et les mises en bourse. C’est un des champions de la mondialisation: ses hommes et femmes d’affaires sont aussi à l’aise à Kigali qu’à Shanghai. Nous avions d’ailleurs abordé le sujet par un autre angle, avec l’enquête d’Aline Jaccottet sur Tsahal, l’armée israélienne, et son rôle dans le dynamisme économique du pays.

Au fond, Israël invente des solutions pour le monde entier, sauf pour les territoires qu’il occupe. La double Exploration de Heidi.news vous raconte ce paradoxe. Vous verrez, c’est saisissant, ces destins contraires de deux peuples juxtaposés sur la même terre.