Quand des universitaires féministes sont accusées de transphobie
Le débat fait rage dans les universités britanniques entre les défenseurs des droits des trans et les féministes convaincues que le sexe est une réalité biologique. La querelle a désormais pris des airs de chasse aux sorcières. Récit.
L'année universitaire venait de recommencer. Le campus reprenait enfin vie, après des mois de cours à distance en raison de la pandémie de Covid-19. Mais pour Kathleen Stock, une professeure de Philosophie à l'Université du Sussex, au sud de l'Angleterre, rien n'était plus comme avant. Lorsqu'elle traversait les couloirs, les murs étaient recouverts d'affiches l'accusant d'être une «transphobe» et appelant à son licenciement. Un manifeste avait été mis en ligne pour dénoncer ses idées, la décrivant comme l'une des personnes les plus hostiles aux droits des trans du pays.
Lors d'une journée porte ouvertes, une centaine de manifestants cagoulés se sont rassemblés, munis de fusées éclairantes, pour exiger que l'université la démette du poste qu'elle occupait depuis 18 ans. «Je ne me sentais plus en sécurité lorsque je traversais le campus. J'ai même installé des caméras de surveillance chez moi», raconte l’universitaire de 49 dans un entretien par téléphone avec Heidi.news.
La croisade à son encontre a démarré il y a trois ans. En janvier dernier, plus de 600 académiciens ont signé une lettre ouverte pour protester lorsqu'elle a reçu un Ordre de l'Empire Britannique. Peu après, le syndicat des employés de l'Université du Sussex a ouvert une enquête sur la «transphobie institutionnelle» régnant au sein de l'institution. Fin octobre, à bout de forces et inquiète de l'impact de cette campagne de dénigrement sur sa partenaire enceinte et leurs deux enfants, elle a choisi de démissionner.