Portrait d’une famille en transition
Miya a fait son coming-out trans il y a presque trois ans. Indépendante, déterminée, elle navigue entre paperasse, bienveillance et méconnaissance du grand public. Bien que ses parents la soutiennent et ont fini par l’accepter pleinement, des douleurs sont revenues au fil de leur témoignage.
«Enfant, j’étais juste moi. J’aimais porter des robes, jouer à la poupée. Je me sentais ni garçon, ni fille. Je ne savais pas ce que ça voulait dire», se remémore Miya, 19 ans, aujourd’hui étudiante en droit à l’Université. Pour cette jeune fille de Suisse romande, qui a fait son coming-out trans auprès de sa famille en janvier 2018, c’est vers 13 ou 14 ans qu’un déclic s’est opéré: «Je me suis rendu compte que la façon dont j’étais là-dedans, ça ne marchait pas du tout avec ce qu’il y avait dehors.» Elle est assignée garçon à la naissance, aujourd’hui elle vit sa véritable identité de genre et s’appelle Miya. Pourtant, mettre des mots sur sa différence n’a pas été évident. Ce sera de fil en aiguille, seule, que la jeune femme approfondit ses recherches et visionne des interviews de personnes transgenre sur internet. Elle s’y reconnaît.
Une phase de déni commence. «Je me disais non, ce n’est pas possible, ce n’est pas vrai.» Puis, elle accepte sa transidentité mais refuse de faire sa transition car «cela serait trop compliqué pour tout le monde». Miya trouve toutes les excuses possibles pour ne pas faire son coming-out: «Je me suis dit que j’allais devenir une espionne, que j’étais parfaite pour rentrer dans le monde des hommes, monter les échelons et détruire le patriarcat.» Mais la réalité la rattrape. «Je me suis vue à 40 ans en tant que mec et je me suis dit que ce n’était pas possible que je vive une vie qui n’est pas la mienne.»