La pêche autochtone criminalisée au nom de la conservation
Au Nord-Est de la Laponie, bien au-dessus du cercle arctique, coule le Deatnu. Ce fleuve majestueux est un des hauts lieux de la culture des pêcheurs samis - un des derniers peuples autochtones d’Europe. Pourtant, depuis cette année, les autorités y interdisent la pêche aux saumons pour protéger l’espèce en déclin. Pour la première fois depuis des millénaires, la tradition est devenue un délit. Les Samis dénoncent une forme de colonialisme sous couvert de conservation.
«Deatnu» signifie «la grande rivière» en sami (Tana/Teno en norvégien et finlandais). C’est ainsi que les locaux baptisent ce fleuve qui borde le nord de la Norvège et de la Finlande et qui sillonne la toundra sur plusieurs centaines de kilomètres, avant de s’élancer vers l’océan Arctique. Chaque été, des dizaines de milliers de saumons atlantiques remontent son courant jusqu’à leur frayère natale, pour se reproduire à leur tour. Cette artère au cœur de Sápmi — le territoire ancestral des Samis – est le berceau d’une culture halieutique. Plus de 7000 âmes vivent dans la région, la plupart issues d’une lignée de pêcheurs samis. Pourtant, cet été, les abords du Deatnu sont déserts: les barques de pêche qui devraient jalonner ses rives ont disparu. Le long du fleuve tranquille bouillonne un désaccord historique.