Illustration: Juliette Barbanègre

«On ne peut pas secouer 500 bébés»: la difficile recherche sur les bébés secoués

Durant un an, entre janvier 2021 et janvier 2022, Sophie Tardy-Joubert a enquêté sur l’expertise médicale au cœur de champs de bataille judiciaires dans des affaires de bébés secoués. Les affaires, françaises, résonnent peu en Suisse. Mais comment l’expertise médico-légale se forme ici? Comment le syndrome du bébé secoué est-il envisagé dans le pays? Quels sont les enjeux? Je fais le point avec le CHUV, les HUG et la fondation privée des HUG, qui lance ce mois de juillet un projet de recherche sur le sujet.

Publié le 19 juillet 2022 13:30. Modifié le 21 juillet 2022 08:20.

Alexandre attend. J’ai voulu prendre de ses nouvelles avant d’entamer mes recherches en Suisse. Dans «Alexandre, condamné pour sauver le système et les experts?», on le quitte alors qu’il a formé un pourvoi en cassation. Il devrait être rejugé dans les mois à venir. Pour Sophie Tardy-Joubert, la journaliste qui a mené l’enquête, «c’est une décision courageuse de sa part, car il prend le risque d’une condamnation plus lourde. Son avocat le lui avait d’ailleurs déconseillé, mais pour lui et sa femme, ce n’était pas envisageable de ne pas actionner cet ultime levier, dans l’espoir d’être blanchi».


Alexandre attend donc. Mais quelle que soit la décision finale de la justice, qu’il soit blanchi ou condamné, son fils Eitan est mort. Lorsqu’il est arrivé aux urgences pédiatriques de l’hôpital Trousseau à Paris, en octobre 2013, les médecins soupçonnent d’emblée une méningite. Dans un état grave, le nourrisson est transféré à l’hôpital Necker à Paris. Le scanner cérébral et l’IRM dévoilent un hématome sous-dural et des hémorragies rétiniennes. La machine s’emballe alors, comme le montrent les six articles parus dans cette Exploration. Ces symptômes sont caractéristiques du syndrôme du bébé secoué (SBS).

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