«Crois-tu que j’aie pu tuer mon fils sans le vouloir en le sortant trop vite du lit?»
Fin 2013, quelques semaines après la mort d’Eitan, Alexandre survit plus qu’il ne vit. Jour et nuit, il épluche le dossier médical, se perd dans des recherches sur internet. Le compte-rendu de l’autopsie de son fils, réalisée par Caroline Rambaud, légiste membre du groupe de travail de la HAS, est devenu son livre de chevet. Le document révèle, outre l’hématome sous-dural et les hémorragies rétiniennes, la rupture de plusieurs veines ponts et la fracture de la onzième côte droite, «contemporaine au secouement».
A côté d’Alexandre, sa femme Yoanna fait le grand huit émotionnel. Un jour, elle veut un autre enfant. Le lendemain, elle tente de se suicider. «Les médecins et les flics étaient catégoriques, mais je n’ai jamais pu croire qu’Alexandre ait fait du mal à Eitan», me dit-elle.
Presque deux ans se passent avant que l’expertise médicale tombe, en mai 2015. Elle est signée de Caroline Rey-Salmon, médecin légiste, directrice de la section mineurs de l’unité médico-judiciaire de Paris, et de Catherine Adamsbaum, cheffe du service de radiologie pédiatrique de l’hôpital Bicêtre. Deux femmes, membres du groupe de travail de la Haute autorité de santé (HAS), qui font autorité dans leur domaine,. Elles se disent «très en faveur» du syndrome du bébé secoué. «Aucune autre cause ne permet d’expliquer les lésions mises en évidence à l’imagerie et au fond d’œil, écrivent-elles. Nous retenons, dans le cas d’Eitan, un épisode unique de secouements violents, dans la nuit du 19 au 20 octobre 2013.»