Une enquête révèle les pratiques financières douteuses d'un historien de l'Université de Neuchâtel

L'Unine au cœur d'une polémique. | Keystone / Jean-Christophe Bott

Financements douteux, arrangements entre amis, emploi fictif, liens étonnants avec le Parti socialiste français et fausses factures: les accusations portées à l’encontre d’un professeur d’histoire moderne de l’Université de Neuchâtel par une enquête conjointe de Mediapart et ArcInfo sont sérieuses. Le principal intéressé conteste les faits, de même que les institutions suisses mentionnées.

De quoi on parle. L’enquête des deux médias affirme que des fonds de l’Unine ont été utilisés pour financer des manifestations du Centre européen des études républicaines (Cedre), fondé à Paris en 2016 par François Hollande alors président de la République, la ministre de l’éducation Najat Vallaud-Belkacem et son prédécesseur Vincent Peillon, mais récemment fermé.

Au centre de cette affaire, l’historien lyonnais Olivier Christin, professeur ordinaire à l’Unine. Lequel est, selon l’enquête, proche des réseaux socialistes français, étant notamment un «ami de jeunesse» de Vincent Peillon.

«L’historien de renom n’hésite pas non plus à optimiser les budgets, et à solliciter la modification de factures, pour les faire rembourser par l’Université de Neuchâtel, écrivent Mediapart et ArcInfo. Certaines factures sont antidatées, d’autres voient leur libellé être changé, avec une facilité qui interroge sur la rigueur du contrôle du système financier de l’Unine.»

Fausses factures. Il s’agit probablement de l’accusation la plus grave portée à l’encontre d’Olivier Christin. Des documents consultés font état d’encouragements à antidater des factures pour d’une part épuiser le budget de l’année en cours et, d’autre part, obtenir plus de financement l’année suivante.

  • Dans les échanges auxquels ont eu accès les médias, l’historien écrit qu’il «faudra trouver un moyen de dissimuler la date».

  • Ou encore, de manière plus explicite: «Je fais des faux à chaque fois», tout en rappelant la nécessité de «faire gaffe» pour n’alerter sur le «fric» qui part en France ni l’Unine ni le Fonds national suisse (FNS), lui aussi cité dans l’enquête tout comme le très fédéral National centres of competence in research (NCCR).

Selon un témoin anonyme, les sommes en question ne sont jamais élevées — de l’ordre de 500 à 2000 francs à chaque fois. Interrogé par Mediapart et ArcInfo, Olivier Christin se défend de toute malversation: «Toutes les dépenses ont été faites dans le respect de la comptabilité de l’Unine. (…) La gestion des dépenses est assurée par la comptabilité de l’Université de Neuchâtel. Pour les fonds FNS, s’ajoute un rapport financier annuel. Tous mes rapports ont été contrôlés et acceptés par le FNS.»

Et instrument politique. L’enquête pointe également ce qu’elle estime être un recours aux fonds de l’Université de Neuchâtel et du NCCR à des fins politiques en France. Notamment le financement d’une conférence au Cedre à Paris, qui aurait selon les médias «permis de relancer Najat Vallaud-Belkacem sur le devant de la scène politique».

Invités par les deux médias à s’exprimer, l’Unine et le NCCR estiment officiellement qu’il n’y a aucun problème.

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