Un mur entre les étudiants et le savoir

Janique Perrenoud

Janique Perrenoud, une lectrice dont la fille commence des études, s’offusque de l’obligation du certificat Covid dans les hautes écoles. Elle nous a adressé ce texte suite à la lecture du «Point du jour» du lundi 20 septembre, dont le recteur de l’Université de Lausanne Frédéric Herman était rédacteur en chef invité. Ses propos lui appartiennent mais il nous paraît important d’entendre aussi ces voix-là.

L'estimation [de 70 à 75% d’étudiants vaccinés] annoncée par Frédéric Herman, recteur de l’Université de Lausanne, est peut-être réelle dans certaines facultés. Mais même si 90% d'étudiants sont vaccinés, ceux qui ne souhaitent pas se faire vacciner n'ont pas à être rejetés, oppressés. J'espère vivement que les écoles vont tout mettre en place pour que chacun soit accueilli.

Suite à l'introduction du pass sanitaire dans les hautes écoles, universités et à l’EPFL, je ne trouve plus la paix. J'ai écrit au Conseil fédéral, aux parlementaires, à la task force, aux journalistes qui font un travail d'enquête, plusieurs courriers.

Cette nouvelle mesure m'oppresse, ma fille débute cette année ses études dans une HES de Suisse romande et nos moyens sont modestes. Si cette situation perdure, il faudra choisir entre accepter de force une vaccination ou renoncer aux études. Ce dilemme ne devrait pas exister. Et il existe pour les étudiants «précaires», de familles monoparentales, dont les parents sans diplôme travaillent dans des petits métiers.

Pour que l'égalité des chances reste possible, pour que les étudiants dont les parents ont des moyens modestes puissent suivre leurs études même s'ils ne souhaitent pas se faire vacciner, les hautes écoles doivent organiser leur formation en ligne et en présentiel.

Je me demande qui va contrôler que chaque haute école ne laisse aucun étudiant sans solution?

Impossible de suivre le cursus. La journée d'immatriculation de la HES et les propos tenus par le doyen rendent en partie impossible de suivre le cursus, si l'étudiant ne souhaite pas se faire vacciner. Il a été annoncé qu’il était trop compliqué de filmer tous les cours - donc en ligne à 100%, ce ne sera pas possible. Il n'y aura pas de possibilité de se faire tester sur place mais se faire vacciner sera possible. (Est-ce que les hautes écoles s'engagent en cas d'effets secondaires graves à tout prendre à leur charge?) Les étudiants seront 130 dans la même salle, sans masque puisqu'il y a le pass. Est-ce que ce n'est pas le meilleur moyen de produire un cluster?

Le pass sanitaire a été introduit pour entrer dans les bibliothèques. Cela pénalise les étudiants qui ne veulent pas se faire vacciner, en particulier ceux qui ont des moyens financiers réduits.

Est-ce qu'on se comporte dans les bibliothèques comme dans les discothèques?

Est-ce qu'on y est nombreux et serrés?

Est-ce qu'on parle beaucoup et fort?

Est-ce qu'il y a des fenêtres pour aérer régulièrement?

Cette mesure d'oppression s'adresse à nouveau aux pauvres, aux précaires – si vous n'avez pas les moyens de payer les tests, vaccinez-vous ou disparaissez!

Formation sans discrimination. Est-ce que les droits de l'homme n'assurent pas la formation pour tous sans discrimination, même sanitaire?

Est-ce que vous ne bafouez pas les droits des citoyens, les droits des patients, celui à l'égalité des chances avec ce pass sanitaire?

Est-ce qu'il existe une étude scientifique qui prouve que c'est utile?

Est-ce que le scientisme a infiltré notre gouvernement?

Il devient de plus en plus difficile de comprendre les mesures.

Qui va contrôler que le rôle des hautes écoles, universités et de l’EPFL d'instruire tous les étudiants sans discrimination, même sanitaire, soit tenu?

Je me bats depuis toujours dans des petits métiers et nous n'avons pas été confinés, protégés et aujourd'hui les nouvelles mesures pénalisent nos enfants, jeunes adultes. Il n'y a rien d'éthique là-dedans. Les plus riches voyagent, étudient, vont à la bibliothèque sans être contraints par l'Etat. Les frais qu'occasionnent le pass sont très inéquitables, cette crise entière est très inéquitable. Personnellement, j'atteins la limite du supportable, la pression pour obtenir un consentement de notre jeunesse, je la vis comme une violence. Normalement, non c'est non. Je ne comprends pas comment on peut en arriver là, c'est effrayant.