TDAH: quand la réalité virtuelle remplace la ritaline

Image d'Illustration | Pixabay

Développer une alternative aux médicaments pour les enfants atteints d’un trouble de l’attention (TDA)? Voilà le but d’un projet lancé en 2018 par des chercheurs de l’Université et des Hôpitaux universitaires de Genève. Les résultats de ces travaux sont désormais connus. Ils ont mis au point un dispositif combinant l’immersion dans un environnement virtuel et l’électroencéphalographie (EEG), une technique de monitoring de l’activité électrique du cerveau.

Pourquoi c’est intéressant. Le trouble de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDA-H) est un trouble du développement qui touche le plus souvent les enfants. Les symptômes sont multiples, mais induisent souvent d’importantes difficulté à se concentrer.

Lire aussi: Le trouble de l’attention chez l'adulte face au culte de la norme

Depuis 50 ans, des traitement médicaux à base de stimulants sont utilisés pour diminuer les difficultés des enfants concernés. Parmi les principes actifs de ces traitements, le méthylphénidate (MPH) est le plus fréquent en Suisse. Il est d’ailleurs à la base de la Ritaline, un médicament bien connu en Europe.

Si les effets à court terme de la médication sont considérés comme efficaces, les effets secondaires à plus long terme sont source de controverse chez les spécialistes. La recherche précise d’ailleurs qu’à elle seule, la médication ne suffit généralement pas à obtenir un succès thérapeutique durable.

Lire aussi: Troubles de l’attention: les filles bien moins diagnostiquées que les garçons

Une expérience qui innove. Les chercheurs de l’Unige et des HUG ont mis sur pied un dispositif original: l’enfant se retrouve dans une salle de classe, accompagné de camarades virtuels aux silhouettes projetées sur les murs. Sur son crâne, 32 électrodes mesurent sa concentration pendant qu’il réalise un exercice: piloter un hélicoptère s’affichant au tableau. Lorsque son niveau d’attention baisse, l’engin volant descend lui aussi. Autour du jeune, une multitude de distractions numériques mettent sa concentration à l’épreuve, comme des camarades bruyants ou encore l’entrée d’un proviseur dans la classe.

«L’idée est que les enfants utilisent ensuite les méthodes apprises dans la classe virtuelle au sein de leur classe réelle», explique Carole Guedj, postdoctorante en neurosciences à la Tribune de Genève.

Selon Carole Guedj, des IRM réalisées à la fin et au début du programme permettent d’observer «une amélioration de la communication entre certaines aires cérébrales impliquées dans les processus attentionnels».

Et la suite? Pour l’équipe de chercheurs, la prochaine étape est le test du dispositif sur un groupe d’enfant souffrant de TDA et un autre regroupant des jeunes non concernés par ce trouble. Mais le journal genevois relève une difficulté qui préoccupe les scientifiques: le recrutement d’enfants volontaires.

Pour l’équipe de recherche, l’objectif final est d’insérer le dispositif dans un casque de réalité virtuelle mobile avec EEG intégré, afin de permettre aux plus jeunes de réaliser l’original entraînement à domicile.

link

A lire dans la Tribune de Genève