Quand la parentalité positive devient toxique
L'éducation positive séduit, mais s'attire des reproches toujours plus nombreux. Des spécialistes mettent en garde contre ses dérives.
La parentalité positive? Impossible d’y échapper. Ses bienfaits sont vantés dans les magazines, les ouvrages sur la parentalité, d’innombrables blogs et jusque dans les cabinets des professionnels. Mais cette approche qui met le bien-être de l’enfant et la bienveillance au centre, et dont la popularité n’a cessé de croître au cours des dix dernières années, s’attire désormais des critiques de plus en plus nombreuses. De psychologues et de chercheurs, mais aussi de parents qui ont vite déchanté lorsque la théorie s’est heurtée à la réalité de leur quotidien.
Dernière salve en date, six psychiatres et psychologues de l’enfant publiaient fin octobre une tribune dénonçant les méfaits d’une parentalité devenue «exclusivement positive», sans cadre ni limites. Heidi.news a parlé à l’une de ses auteures, Isabelle Roskam, professeure de psychologie du développement à l’Université de Louvain et spécialiste du burn-out parental.
Heidi.news — Que reprochez-vous à la parentalité positive?
Isabelle Roskam — La parentalité positive s’articule autour deux grands principes: la bienveillance et la fermeté. Cela signifie que le parent fait preuve de chaleur et de tolérance face aux émotions de son enfant, mais aussi qu’il met en place un cadre qui permette à l’enfant d’apprendre à se confronter aux besoins des autres et à respecter les règles de la vie en société. Jusque-là, c’est très bien. Elle devient toutefois problématique lorsque la notion de cadre et de fermeté est évacuée pour ne conserver que la bienveillance.
On parle alors de «parentalité exclusivement positive», une dérive qu’il faut dénoncer. Elle est portée par des groupes anti-VEO (violence éducative ordinaire, ndlr.), composés principalement d’experts autoproclamés qui considèrent que toute contrainte éducative constitue une violence.
Pourquoi tirez-vous la sonnette d’alarme?
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