La réalité. Mais dans le vrai monde, les femmes subissent encore des inégalités tout au long de leur carrière professionnelle. Les seniors et les jeunes ne trouvent pas tous leur place dans un marché du travail exigeant et compétitif. Les places de crèche manquent, au point que les jeunes retraités sont une ressource indispensable pour permettre à leurs enfants de gagner leur vie tout en sachant que leurs propres enfants sont bien pris en charge.
Un surcoût de plusieurs centaines de millions. L’économie nette pour l’AVS du projet de hausse de l’âge de retraite des femmes est de l’ordre de 800 millions de francs par an. Si seulement 10% des heures de garde d’enfants gratuites que fournissent les grands-mères sont perdues à cause de cette mesure, alors cela signifie que ces «économies» pour l’AVS seront en fait payées par les jeunes parents avec enfants. Et si, en outre, il faut supporter ne serait-ce que 5000 chômeuses et chômeurs de plus en raison des 50’000 femmes qui devront occuper leur place de travail une année de plus, alors il n’y a plus d’économie pour la société en général, mais un surcoût de plusieurs centaines de millions.
Des montants de retraites insuffisants. Dans la réalité, les rentes ne suffisent souvent plus pour vivre. Elles ont été gravement érodées par la baisse des paramètres techniques de la LPP. Avec le même capital, quelqu’un qui partira à la retraite en 2025 aura 20% de rente LPP en moins que quelqu’un qui est parti à la retraite en 2010. Tout cela alors que les rentes cumulées AVS et LPP moyennes dépassent à peine 3000 francs par mois.
Trouver des solutions. Dans la réalité du monde d’aujourd’hui, il ne faut pas augmenter l’âge de la retraite, ni baisser sans compensation réelle le taux de conversion LPP. Il faut trouver des solutions de financement. A ce sujet, la BNS s’apprête à faire un bénéfice 2021 qui à lui seul représenterait 50 années d’économies nettes prétendument obtenues par le projet d’augmentation de l’âge de la retraite des femmes voté par les chambres fédérales…
Pour aborder enfin rationnellement le débat sur la retraite, il est impératif de revenir dans le monde tel qu’il est, où la démographie n’est qu’un paramètre parmi d’autres et où les richesses accumulées par la Suisse devraient lui permettre, autant que pendant les décennies précédentes, de financer des rentes décentes pour celles et ceux qui ont travaillé toute leur vie.