Tout comme d’autres aspects de l’intelligence (intelligence verbale ou spatiale par exemple), l’intelligence émotionnelle peut être conçue comme une forme d’intelligence qui est, dans ce cas précis, spécifiquement reliée au domaine émotionnel. En ce sens, intelligence émotionnelle et intelligence générale sont liées. Il est toutefois possible de déterminer le rôle joué par l’intelligence émotionnelle au-delà de celui de l’intelligence générale, ou en interaction avec celle-ci.
Alors que les mentalités ne sont pas encore toutes à l’unisson et que de nombreuses institutions considèrent encore les émotions comme un obstacle à la concentration et jouant un rôle distracteur, l’intelligence émotionnelle est bel et bien nécessaire au succès professionnel.
Des hauts niveaux d’intelligence émotionnelle sont associés, par exemple, à une augmentation de la satisfaction et de la performance au travail ainsi qu’à une diminution du stress améliorant ainsi le bien-être au travail et réduisant le risque de burn-out. Il est intéressant de noter que l’intelligence émotionnelle est susceptible d’être entraînée et améliorée. Chaque personne peut donc bénéficier de ses avantages dans son milieu professionnel.
Récemment, plusieurs études menées dans le domaine éducatif ont souligné l’importance de l’intelligence émotionnelle autant auprès des enseignants que des élèves de tout niveau. Pour les premiers, des hauts niveaux d’intelligence émotionnelle sont associés, par exemple, à une réduction du stress et du turnover (renouvellement des employés), à une meilleure qualité des interactions en classe, à la satisfaction et à l’engagement au travail. Chez les seconds, un haut niveau d’intelligence émotionnelle est corrélé à un bien-être physique et psychologique plus élevé, à une meilleure réussite scolaire et une plus grande employabilité.
Dans le domaine spécifique de la formation professionnelle, de plus en plus de réflexions émergent autour de l’introduction, dans les curriculums d’étude, de compétences transversales, dont l’intelligence émotionnelle. Celle-ci pourrait répondre à plusieurs défis rencontrés dans la formation professionnelle suisse. Tout d’abord, elle permet de développer une certaine capacité d’adaptation aux différents environnements d’apprentissage présents dans un système dual - soit une alternance entre formation en école et en entreprise, le modèle majoritaire en Suisse – et aux rapides évolutions du monde professionnel (évolutions des métiers, télétravail, TIC, etc.).
En effet, la capacité à comprendre et gérer ses émotions permettrait aux apprentis de s’adapter autant à l'école qu’à l’entreprise formatrice, deux lieux fort différents en termes de manière d’apprendre, types de relations ou logique institutionnelle (soit une logique formative à l’école et une logique productive en entreprise). En ce sens, reconnaître, comprendre et gérer les émotions des autres favoriserait aussi une meilleure collaboration entre les différents partenaires de la formation professionnelle (Etat, organisation du monde du travail, écoles, etc.). Diffusée à plusieurs niveaux d’un système éducatif, comme dans le cas des programmes SEL (Social and Emotional Learning), dont RULER est un exemple, l’intelligence émotionnelle a un impact positif sur la qualité de l’apprentissage, l’engagement et la réussite des élèves. Certains domaines, comme les soins, le social ou la vente, incluent déjà dans leur enseignement certains aspects de l’intelligence émotionnelle.
Cette dernière mériterait toutefois d’être développée également dans d’autres domaines professionnels, car elle permet d’entretenir des bonnes relations, gérer les conflits, communiquer de manière efficace, etc. Il s’agit de toute une série de compétences transversales qui sont aujourd’hui utiles dans la vie, autant pour s’intégrer dans la société (qui est d’ailleurs un des objectifs de la formation professionnelle au sens de la Loi fédérale sur la formation professionnelle) que pour favoriser l’acquisition de compétences professionnelles et ainsi entrer dans le marché du travail. En effet, l’intelligence émotionnelle favorise également une attitude positive envers la recherche d’un emploi après les études. .
Bien que la littérature scientifique en soit encore aux premiers jours de cette prise de conscience, les recherches actuelles dans le domaine tendent à rendre leurs lettres de noblesse aux émotions en tant que complément nécessaire de l’intelligence dite classique, en les convoquant dans les salles de classe et les entreprises du 21e siècle.