Réservé aux abonnés

En Chine: un grand mouvement de traduction contre la propagande du Parti

Capture d'écran du grand mouvement de traduction sur Twitter.

En Chine, les médias sont largement contrôlés par l’Etat, et comme pour l’heure Pékin s’entête à faire vivre l’idée d’un «partenariat inébranlable» avec Moscou, à défaut d’une alliance, la propagande chinoise reprend ad nauseam les éléments de discours de la propagande russe. Cette vision totalement partisane et déformée de la réalité irrigue bien évidemment l’opinion publique telle qu’elle apparaît dans les publications des médias sociaux chinois, également sous haute surveillance. Prenant le parti de «révéler» aux yeux du monde les excès de la propagande chinoise, un groupe de citoyens-journalistes-traducteurs, pour la plupart d’origine chinoise, a donc créée The Great Translation Movement (TGTM) sur Twitter début mars 2022. Ils enregistrent déjà plus de 100’000 inscrits. Enquête.

Pourquoi on en parle. D’abord parce qu’ils permettent d’avoir un accès sans filtre et sourcé à la propagande chinoise sans parler le chinois et qu’ils documentent la façon dont cette propagande est reprise sur les médias sociaux en Chine même et dans le reste du monde — les captures d’écran des originaux sont accompagnées de liens et surtout d’une traduction de couleur rouge.

Ensuite, parce que leur travail rencontre un vrai succès: mi-mars, ils enregistraient 40’000 inscrits, puis ils ont dépassé les 100’000 le 5 avril.

Et puis, si les publications se sont focalisées au départ sur le conflit russo-ukrainien, la couverture s’est amplement diversifiée, s’intéressant aux opinions sur la guerre en général, sur les origines de la pandémie de Covid et les mesures de contrôle en Chine, et sur de plus en plus «d’autres questions de politique intérieure», comme nous le dit un des administrateurs du compte.

Enfin, ils ont été récemment la cible de la propagande chinoise, puisqu’un article du très virulent Global Times a accusé les animateurs du TGTM d’être de «mauvais chinois» émigrés à l’étranger et déformant la réalité dans le but de plaire à leurs nouveaux maîtres occidentaux et à alimenter le racisme anti-asiatique.

Réservé aux abonnés

Cet article est réservé aux abonnés.

Déjà abonné(e) ? Se connecter