Après s'être «battue», Cesla Amarelle dit partir «avec fierté»

Cesla Amarelle quittera ses fonctions le 30 juin. | Keystone / Valentin Flauraud

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«Je quitte le département en étant fière mais avec le regret de ne pas voir la suite», a confié Cesla Amarelle à la presse, réunie ce lundi à l’occasion du bilan de la future ex-ministre vaudoise. A la tête du Département de la formation, de la jeunesse et de la culture (DFJC), la socialiste n’a pas été réélue par les citoyens en avril dernier et sera remplacée par Frédéric Borloz (PLR) dans dix jours.

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Un bilan positif? Une discrète blague sur la chaleur étouffante, un sourire et beaucoup de chiffres. Voilà, en quelques mots, comment la ministre a lancé son bilan. Bien qu’il s’agissait de sa dernière conférence de presse en tant que conseillère d’Etat, Cesla Amarelle s’est présentée en patronne de l’école vaudoise, se félicitant des avancées du DFJC sur les quatre grands chantiers de sa législature. Qui sont:

  • L’éducation numérique

  • L’école à visée inclusive

  • L’insertion professionnelle

  • La consolidation de la loi obligatoire sur l’enseignement (LEO)

La ministre socialiste a d’abord salué la diminution du nombre d’élèves par classe. «En cinq ans, la moyenne est passée sous la barre des 19 élèves pour la plupart des effectifs de primaire», précise-t-elle.

Autre point qui récolte les félicitations: la féminisation du corps directorial des établissements primaires. «On est passé de 26,4% de femmes en 2017 à 35,5% cette année. Ce n’est pas encore la parité, mais il y a un effort conséquent», se réjouit-elle.

Le numérique. Parmi les importants chantiers de la législature écoulée se trouve l’éducation numérique. A travers le canton, ce sont près de 2000 enseignants qui ont été formés à son enseignement. Cesla Amarelle revient sur ce qu’elle qualifie de «bouleversement»:

«Jusqu’en 2017, on ne peut pas dire que le numérique faisait partie de l’ADN de l’école vaudoise. Mais aujourd’hui, nous sommes pionniers dans l’accompagnement des enseignants. Les cours d’éducation numérique concernent désormais quelque 21’000 élèves de primaire.»

Plus d’easyjet. La mesure n’a pas fait grand bruit, mais les élèves des écoles vaudoises ne sont plus autorisés à prendre l’avion pour leur voyage d’étude depuis fin 2021. Si Cesla Amarelle s’en réjouit, elle se montre amère quant au refus du Parlement vaudois, en novembre dernier, d’accorder un crédit de 7 millions de francs au financement de projets pédagogiques en lien avec la durabilité:

«J’aurai aimé faire plus pour la durabilité, mais le Grand Conseil en aura décidé autrement…C’est un des grands regrets de cette législature.»

Sur l’école inclusive. Dans le canton de Vaud, la loi sur la pédagogie spécialisée est entrée en vigueur en 2019. De ce cadre est né le clivant Concept 360 degrés, qui porte sur le terrain l’école inclusive, soit l’accompagnement et l’intégration d’élèves aux besoins particuliers. Devant les médias, Cesla Amarelle a largement salué les investissements réalisés :

«En plus des moyens liés à l’évolution démographique, plus de 13 millions de francs ont été injectés dans l‘enseignement ordinaire, 3,2 millions dans l’enseignement spécialisé et 2,2 millions dans les aides à l’intégration. Notre canton est le seul qui a pu déployer un tel dispositif au cours de ces cinq dernières années.»

La ministre socialiste donne l’exemple de l’intégration des enfants concernés par un trouble du spectre de l’autisme (TSA):

«Nous avons formé des enseignants au TSA. La demande vient du terrain, j’aimerais insister là-dessus. D’ici 2024, en collaboration avec le CHUV et la Haute école pédagogique, nous espérons que tous les enseignants seront formés.»

Face aux critiques. Si elle dirige l’école vaudoise, Cesla Amarelle est également à la tête la culture. Une thématique qu’elle n’aura pourtant pas mentionné de la matinée. «Beaucoup de reproches ont été faits sur l’école obligatoire, c’était donc important d’aborder le sujet», se justifie la ministre.

Et en effet, les critiques furent nombreuses. Cesla Amarelle n’a pas été épargnée par les syndicats enseignants, qui lui ont notamment demandé la suspension du Concept 360 degrés. Dans un communiqué paru le 7 avril dernier, le syndicat Sud ne cache pas son mécontentement:

«L’école vaudoise ne peut pas vivre avec des moyens rationnés et réaliser en même temps toutes sortes de projets qui s’entrecroisent, se mêlent et menacent de paralyser le noyau décisif de l’activité socio-scolaire».

«Ce qu’on m’a reproché, c’est d’avoir lancé trop de chantiers en même temps», analyse pour sa part Cesla Amarelle:

«J’ai entendu le reproche que j’allais trop vite, que je chargeais trop le bateau. Mais les chantiers lancés par le DFJC sont tout autant importants les uns que les autres. Surtout, leur interaction est cruciale: un élève qui choisit la voix de la formation professionnelle aura par exemple besoin de compétences numériques.»

Finalement, questionnée sur sa non réélection à l’heure d’un bilan se voulant positif, Cesla Amarelle répond:

«Il y a eu des plaintes pénales, qui ont été instrumentalisées. Et puis, trois mois avant les élections, nous imposions le masque à l’école… Mais encore une fatigue enseignante, qui s’est métabolisée dans un vote. En tant que ministre, je n’ai pas eu affaire à des grèves ni à des pétitions, cette fatigue s’est traduite dans les urnes.»

Et la ministre sortante de conclure, après plus d’une heure de bilan:

«Je me suis battue pour avoir ce département en 2017. Je pars avec fierté.»