La méthode. Jonas Bendiksen a photographié des endroits vides à Vélès, en Macédoine du Nord. La petite ville doit sa réputation à des sites frauduleux en faveur de Donald Trump qui y avaient élu domicile en 2016.
Les photographies ont ensuite été modélisées en trois dimensions, permettant à l’artiste d’incruster des avatars humains générés informatiquement. Le texte accompagnant le reportage a été créé par une intelligence artificielle. L’artiste s’est contenté de faire un peu d’édition. Cité par France Culture, Jonas Bendiksen s’explique:
«Les imagines générées par ordinateur sont devenues si facile à utiliser, n’importe qui peut générer des informations artificielles désormais. Je crois qu’on est face à un sérieux problème.»
Ce qui a changé. Auparavant, les interventions étaient réalisées sur de véritables photos. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. La technologie permet de développer une imagerie artificielle intégralement générée par ordinateur. La performance de Jonas Bendiksen témoigne de l’efficacité de ces manipulations.
Le jury composé de figures du photojournalisme n’y a vu que du feu. L’artiste s’attendait néanmoins à ce que la supercherie finisse par être remarquée. «Je pensais qu’au bout de quelques semaines, on finirait par me dire quelque chose, qu’on me demanderait “est-ce qu’il y a vraiment des ours qui déambulent comme ça dans la ville?”», raconte Jonas Bendiksen.
Il a finalement levé le voile sur la démarche, suscitant au passage des critiques, certains ayant estimé que sa performance entamait d’autant plus la crédibilité des journalistes.