Traqués à notre insu: faute de dire «non», la Suisse est en train de dire «oui»
Seule la loi sur la protection des données permet d'encadrer le recours à la reconnaissance faciale dans l'espace public. Formellement, rien n'interdit donc une entreprise privée d'en faire usage. Un projet des CFF relance le débat.
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Déployer des caméras dotées d’un logiciel de reconnaissance faciale dans l’espace public? C’est techniquement possible en Suisse, et ça n’a pas besoin de faire l’objet d’un débat politique préalable.
Pourquoi on en parle. Le magazine alémanique K-Tipp a révélé l’existence d’un projet des CFF incluant l’usage de la reconnaissance faciale à des fins commerciales.
Selon ce qui ressort d’un appel d’offre publié par l’entreprise de transport ferroviaire, cette dernière prévoirait de déployer des caméras augmentée dans une cinquantaine de gares en Suisse.
La première, à Schaffhouse, pourrait en être équipée dès septembre 2023.
L’objectif? Suivre les comportements d’achat des usagers des CFF pour permettre d’optimiser le chiffre d’affaires des commerces situés dans les gares, selon le magazine. Le loyer perçu par les CFF est proportionnel au volume de vente des boutiques.
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Comment? En suivant chaque personne de manière individuelle pour analyser les comportements d’achat: montants dépensés, commerces visités, profil du client (âge, taille, sexe, objets transportés).
Des garanties qui interrogent. Les CFF affirment que les données seront anonymisées. Selon eux, il n’est pas question d’identifier les individus, seulement de pouvoir suivre leurs comportements dans les gares afin d’en tirer des informations utiles. Les CFF utilisent déjà des caméras pour analyser les flux de mouvement.
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