Sondage: Les Suisses se disent ouverts à l'essor de l'IA dans leur quotidien

Image d'illustration générée par Midjourney.

D'après une enquête de l'UZH et gfs.bern auprès d'un échantillon de 1500 Suisses, la population est prête à accepter davantage d'intelligence artificielle dans son quotidien, pour autant qu'elle s'accompagne d'une supervision humaine.

Les Suisses sont ouverts à l’essor de l’intelligence artificielle dans leur quotidien. C’est la conclusion d’une enquête d’opinion de la Digital Society Initiative de l’Université de Zurich (à paraître), menée entre le 20 janvier et le 20 février 2022 avec la participation de l’institut de sondage gfs.bern. Une majorité de la population estime que cette technologie peut être utilisée à des fins positives, en plus de fournir des décisions objectives et non influencées.

Pourquoi on en parle. Le déploiement en novembre 2022 de l’agent conversationnel ChatGPT préfigure un saut technologique majeur. OpenAI, qui a conçu l’outil, promet des lendemains qui chantent grâce à l’intelligence artificielle, et ces technologies génératives devrait redéfinir en profondeur notre quotidien, tout en apportant des gains de productivité considérables.

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Les résultats de l’étude. Globalement, les Suisses ont plutôt confiance dans les institutions publiques en ce qui concerne le recours à l’intelligence artificielle — beaucoup moins dans les institutions privées. Dans ce domaine, ce sont les hôpitaux qui obtiennent la crédibilité la plus élevée, alors que les plateformes de réseaux sociaux ne sont pas jugées dignes de confiance.

Taux de confiance dans les institutions concernant l'utilisation de l'IA. Profil-type du répondant méfiant: une femme romande faiblement diplômée, avec de faibles revenus et votant à gauche. | Source: UZH.

Parmi les arguments favorables à l’intelligence artificielle, une large majorité des répondants est d’avis qu’elle peut être utilisée à des fins positives, tout en prenant des décisions objectives et non influencées. Parmi les aspects qui plaident en défaveur de l’IA, les arguments les plus avancés sont son absence d’émotion, sa vulnérabilité aux cyberattaques et les abus qui peuvent découler de son utilisation.

  • Détecter les fausses informations, décider du montant d’une prime d’assurance ou encore autoriser un prêt: ce sont autant d’applications de l’intelligence artificielle à laquelle une majorité des sondés se dit favorable… pour autant qu’un contrôle humain soit intégré dans le processus.

  • Les Suisses sont plus partagés sur le recours à l’IA dans le domaine du diagnostic médical ou de la sélection automatisée de candidats pour des entretiens d’embauche. Ils s’opposent également à son utilisation pour prédire le risque de récidive des prisonniers, en particulier lorsque des humains ne sont pas impliqués dans la décision.

Plus l'impact potentiel est important, moins l'acceptabilité est acquise. | Source: UZH

«De manière générale, nous constatons que plus l’impact de l’IA sur la vie des individus est important, plus l’acceptation de l’IA diminue», relève Markus Christen. Mais le message général de l’enquête est clair: les Suisses ont une attitude positive vis-à-vis du potentiel de l’intelligence artificielle.

Question de timing. L’enquête de la Digital Society Initiative de l’UZH a été menée avant l’engouement pour ChatGPT et la forte médiatisation autour des dernières IA. Le développement est si rapide depuis quelques mois qu’une centaine d’experts, dont le fondateur de Tesla Elon Musk, ont signé une lettre appelant à un moratoire de six mois sur l’IA pour sécuriser les systèmes.

Markus Christen (Digital Society Initiative):

«Les résultats seraient probablement différents aujourd’hui. Mais je ne pourrais pas vous dire si les résultats seraient encore plus favorables à l’intelligence artificielle, ou au contraire moins enthousiastes.»

L’Université de Zurich a prévu de réaliser une nouvelle étude, qui se concentrera sur les usages de l’IA dans le domaine médical.

Les détails du sondage

Ont été interrogés 1051 Suisses germanophones, 369 francophones et 94 italophones. Parmi les répondants, 769 sont des femmes et 740 des hommes et 5 ne se genrent pas. L’âge moyen des sondés s’élève à 49,8 ans – contre une moyenne de 45,9 ans en Suisse, selon l’Office fédéral de la statistique.

Les données ont été pondérées d’après l’âge, le genre, l’orientation politique et la région linguistique. L’éducation a aussi été prise en compte. L’étude a évalué les connaissances et les compétences dans le domaine numérique des personnes interrogées, en se fondant sur trois critères:

  • Une mesure des connaissances et de la compréhension des concepts de base de l’informatique et d’internet.

  • La compréhension des termes propres au domaine de l’intelligence artificielle.

  • L’affinité et l’intérêt pour les technologies numériques en général.

Il en ressort qu’entre un quart et un tiers de la population a une connaissance et une compréhension limitées sur ces sujets. Elément notable, un fossé lié au genre est apparu durant l’étude: les femmes ont en moyenne moins de connaissances et de compétences numériques.