Google, Microsoft, Amazon... La tech continue de dégraisser

En 2022, le secteur de la tech a connu de nombreuses annonces de licenciements. Après les vagues d'embauche liées à un surcroît d'activité pendant la pandémie, ces entreprises dégraissent et la tendance devrait se poursuivre en 2023.

Au début du mois de janvier, Amazon annonçait se séparer de plus de 18’000 employés. Cette semaine, Microsoft et Google lui emboîtaient le pas: ce sera 10’000 départs d’ici fin mars pour le premier. Alphabet, maison-mère de Google a annoncé se séparer de 6% de ses effectifs, soit environ 12’000 licenciements. Salesforce avait également licencié 7000 personnes il y a quelques semaines. Ces entreprises font partie des 172 du secteur a avoir dû tailler dans leurs effectifs ce mois-ci, faisant de janvier 2023 l’un des pires pour la tech, avec près de 70’000 départs, selon le site d’offres d’emplois spécialisé TrueUp.

Pourquoi ce n’est pas nouveau et ce n’est pas fini. Les annonces de Meta, en novembre dernier, de réduire de 13% ses effectifs en supprimant environ 11’000 emplois avaient fait grand bruit. Dans le même temps, Twitter annonçait une vague de départs à la suite du rachat par Elon Musk. Plus de 50’000 départs ont été annoncés rien qu’en novembre 2022. Toujours selon TrueUp, sur cette année-là, 1525 annonces de licenciements ont eu lieu dans des entreprises technologiques, touchant plus de 230’000 personnes.

Les produits et services de ces entreprises avaient été plébiscités pendant les périodes de confinement, de télétravail et d’école à distance. Elles ont alors embauché à tour de bras: Microsoft avait engagé 40’000 personnes au cours de son dernier exercice financier (2021-2022) soit plus du double de l'année précédente, note le Financial Times.

Mais la tech est à présent touchée par les problèmes du moment, qui n’épargnent aucun secteur: inflation, remontée des taux, et baisses des revenus venus de la publicité ciblée et du marketing. Des tendances qui devraient continuer à affecter son marché de l’emploi en 2023.

Et si licencier était contagieux? Selon le grand spécialiste en management Jeffrey Pfeffer (Stanford), ce phénomène tient surtout du mimétisme entre grandes entreprises. Il l’explique sur le site de son université:

«Les licenciements dans le secteur technologique sont essentiellement un exemple de contagion sociale, dans lequel les entreprises imitent ce que font les autres. Si vous cherchez les raisons pour lesquelles les entreprises licencient, la raison est que tout le monde le fait. Les licenciements sont le résultat d'un comportement imitatif et ne sont pas particulièrement fondés sur des preuves.»

Si Jeffrey Pfeffer admet que le secteur pourrait être touché par une récession, et qu’il peut y avoir des bulles de valorisations, il prend l’exemple de Meta:

«Est-ce que Meta a trop embauché? Probablement. Mais est-ce pour cela qu'ils licencient? Bien sûr que non. Meta a beaucoup d'argent. Ces entreprises gagnent toutes de l'argent. Elles licencient parce que d'autres entreprises le font.»

L’explication de Microsoft. Le PDG de Microsoft Satya Nadella, présent au Forum économique mondial à Davos, a expliqué ces annonces comme le résultat d'une réduction de la demande des consommateurs:

«Pendant la pandémie, il y a eu une accélération rapide. Je pense que nous allons passer par une phase aujourd'hui où il y a un certain degré de normalisation de la demande.»

Selon plusieurs médias américains, Microsoft est toutefois sur le point d’investir 10 milliards de dollars dans OpenAI, l'intrigante ONG devenue entreprise lucrative, à qui l’on doit ChatGPT.