La technologie peut-elle sauver le climat? On a demandé à ChatGPT et à un journaliste

Nous avons répondu à cette question... et l'IA ChatGPT aussi. On vous laisse vous faire votre avis à l'aveugle.

Ces raffineries d'éthanol du Midwest aux Etats-Unis devraient être reliées par des pipelines de captage de carbone. | Keystone|AP Photo/Stephen Groves, File

Cher lecteur, pour une fois, ce n’est pas l’un d’entre-vous qui nous a posé cette question:

Les technologies peuvent-elles nous aider à lutter contre le réchauffement climatique? Plus spécifiquement les technologies de capture de carbone (solar geoengineering et CCS).

Nous avons inventé cette demande qui n’est qu’un prétexte, permettant de vous poser la vraie question de cet article: saurez-vous reconnaître qui a écrit les réponses à cette fausse interrogation?

Vous avez peut-être déjà entendu parler de ChatGPT — si ce n’est pas le cas, ce n’est qu’une question de temps. Cet algorithme développé par OpenAI a pour objectif de répondre à vos questions comme si vous dialoguiez avec un humain. Et ses réponses sont en train de bluffer le monde entier.

Lire aussi: Nous avons demandé à ChatGPT d'écrire des articles, voilà ce qui s'est passé

A tel point que nous nous sommes posés cette question à la rédaction: une telle IA peut-elle remplacer un journaliste? Nous avons réalisé plusieurs expériences, et cet article est l’une d’entre elles. Nous avons envoyé ce message à ChatGPT:

Ecris moi un article de style journalistique répondant à cette question: les technologies peuvent-elles nous aider à lutter contre le réchauffement climatique? Plus spécifiquement les technologies de capture de carbone (solar geoengineering et CCS).

Sa réponse est arrivée en quelques secondes, longue d’environ 450 mots. En parallèle, nous avons posé la même question à une journaliste de la rédaction de Heidi.news, qui connait très bien le sujet. En l’informant évidemment du projet, mais sans lui soumettre le texte produit par ChatGPT. Avec deux contraintes: ne faire aucune citation directe et produire un article de la même taille.

Ci-dessous, nous vous proposons les deux textes «à l’aveugle» (l’ordre a été choisi aléatoirement). La semaine prochaine, nous vous dirons qui a écrit quoi et reviendrons plus en détail sur ce que l’on peut tirer de cette expérience. D’ici là, nous vous invitons à nous donner votre avis sur ces deux textes et à nous adresser vos remarques et questions via ce formulaire.

Réponse 1

Les technologies de capture et de stockage du carbone (CCS pour «capture and storage of carbon dioxide» en anglais) et de géoingénierie solaire peuvent jouer un rôle important dans la lutte contre le réchauffement climatique en aidant à réduire les émissions de gaz à effet de serre dans l'atmosphère.

Le CCS est une technique qui consiste à capturer le dioxyde de carbone (CO2) contenu dans les gaz d'échappement des centrales électriques, des usines et des raffineries, et à le stocker dans des réservoirs souterrains ou sous-marins. Cette technique permet de réduire les émissions de CO2 dans l'atmosphère, qui sont l'une des principales causes du réchauffement climatique.

La géoingénierie solaire, également appelée modification du climat par les aérosols solaires, est une technique qui consiste à réfléchir une partie de la lumière du soleil avant qu'elle atteigne la Terre pour refroidir l'atmosphère. Cette technique peut être utilisée pour atténuer les effets du réchauffement climatique en réduisant la quantité de chaleur reçue par la Terre.

Les technologies de capture et de stockage du carbone et de géoingénierie solaire peuvent être utilisées conjointement avec d'autres technologies vertes, telles que les énergies renouvelables, pour contribuer à la transition vers une économie plus durable et respectueuse de l'environnement. Par exemple, les centrales électriques peuvent être équipées de systèmes de CCS pour capturer le CO2 produit par la combustion du charbon, et ces centrales peuvent être alimentées par des énergies renouvelables pour réduire encore plus les émissions de gaz à effet de serre. En parallèle, la géoingénierie solaire peut être utilisée pour réfléchir une partie de la lumière du soleil pour réduire la quantité de chaleur reçue par la Terre et atténuer les effets du réchauffement climatique.

Il est important de noter que les technologies de capture et de stockage du carbone et de géoingénierie solaire sont encore relativement coûteuses et peu développées à l'échelle industrielle. Cependant, de nombreux gouvernements et entreprises s'intéressent à ces technologies et investissent dans leur développement afin de contribuer à la lutte contre le réchauffement climatique. En outre, les avancées technologiques peuvent améliorer l'efficacité et la rentabilité de ces technologies à mesure qu'elles évoluent.

En somme, les technologies de capture et de stockage du carbone et de géoingénierie solaire peuvent être des outils importants dans la lutte contre le réchauffement climatique, et elles peuvent contribuer à la transition vers une économie plus durable en réduisant les émissions de gaz à effet de serre et en atténuant les effets du changement climatique. Toutefois, le développement et la mise en œuvre de ces technologies nécessitent des investissements conséquents et des efforts de collaboration à l'échelle internationale.

Réponse 2

C’est LA question du moment, tant ces technologies cristallisent une tension dans les discours climatiques. D’un côté, l’optimisme de ceux qui ont (parfois trop) confiance dans l’innovation – au risque de retarder les autres actions nécessaires mais impopulaires. De l’autre, le constat que nos émissions n’ont même pas encore commencé à décroître. C’est aussi une question qui vaut cher pour les industriels et les investisseurs.

Rappelons que les solutions les plus efficaces ne sont pas technologiques: il faut d’abord cesser d’émettre des gaz à effet de serre (GES), et en particulier du CO2 dans l’atmosphère. C’est d’une simplicité redoutable, mais c’est difficile, car il faut que les politiques climatiques des Etats s’alignent sur le même renoncement volontaire aux énergies fossiles. Et pour l’heure, il faut reconnaître que la diplomatie climatique patine.

Venons-en aux technologies «artificielles» de capture du carbone – par opposition aux approches naturelles, comme la reforestation. Il y a le captage-stockage du CO2 (Carbon Capture and Storage, CCS), où le CO2 est piégé à la source sur de grosses usines très émettrices. Cette approche reste aujourd’hui expérimentale, sauf, assez ironiquement, dans le secteur pétrolier et gazier, où l’injection de CO2 permet d’augmenter la quantité de ressource extraite d’un gisement.

Il y a aussi la capture directe du CO2 dans l’air (DAC). L’intérêt est qu’on peut installer les usines n’importe où. L’inconvénient: la consommation d’énergie pharaonique, qui exclut les perspectives d’utilisation à large échelle.

Dans son dernier rapport, le Groupe intergouvernemental d’experts sur le climat (Giec) a intégré ces technologies à ses scénarios. Et sa réponse est nuancée. Il existe des leviers à la fois moins onéreux et plus efficaces, notamment du côté des énergies renouvelables ou des approches naturelles.

Mais les CCS auront malgré tout un rôle à jouer dans la transition énergétique vers le net zéro, en complément de la décarbonisation du reste de l’économie. La raison tient à la physique: le CO2 a une durée de vie de 100 ans dans l’atmosphère... Capturer l’excédent permettra peut-être d’éviter un «overshoot» des températures dramatiques pour le vivant.

Avant de conclure, quelques mots sur la géoingénierie solaire. Concentrons-nous, pour simplifier, sur le Solar Radiation Management (SRM). Le principe: accroître la part du rayonnement solaire réfléchi vers l’espace pour réduire les températures. Plusieurs approches sont à l’étude: injection d’aérosols en altitude, éclaircissement des nuages, etc.

Pour les experts du Giec, ces technologies sont immatures et incertaines – voire dangereuses. En cause, des lacunes dans les connaissances de leur potentiel, et de possibles inégalités géographiques qui résulteraient de leur usage, et qui pourraient aller jusqu’à «introduire de nouveaux risques pour la coopération internationale et la paix».