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La Suisse peut-elle résister à l'hiver noir de la tech?

Google Suisse emploie 5000 personnes à Zurich. Il s'agit de son plus grand centre de développement hors des Etats-Unis. Des sources internes s'attendent à des licenciements. | Keystone / Ennio Leanza

Le mois de janvier s'est soldé par une centaine de milliers de licenciements dans le secteur technologique au niveau mondial. Quid de la Suisse?
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Alors que l’industrie technologie a annoncé quelque 100'000 suppressions d’emplois pour le seul mois de janvier, la Suisse pourrait échapper en grande partie à ce phénomène qui redéfinit les orientations stratégiques d’un secteur jusqu’ici porté essentiellement sur la croissance.

Seule inconnue: le sort des 5000 employés de Google, à Zurich. Des sources internes contactées par Heidi.news s’attendent à des licenciements.

De quoi on parle. Quelque 100'000 suppressions d’emplois ont été annoncées par l’industrie technologique pour le seul mois de janvier selon le décompte de TrueUp, faisant de ce début d’année 2023 le pire du secteur en deux décennies. Amazon va se séparer de 18'000 collaborateurs, Google 12'000, Microsoft 10'000, Salesforce 8000 et IBM près de 4000.

Si ces chiffres sont impressionnants, il faut toutefois les remettre dans leur contexte, comme le suggère Hervé Lebret, ancien directeur du programme start-up de l’EPFL:

«Il ne faut pas oublier que les grandes entreprises ont massivement engagé du personnel durant la pandémie de Covid-19.

Les effectifs de Google sont passés de 135'000 en 2020 à 185'000 en 2022 et ceux de Microsoft de 160'000 à 220'000 sur la même période. De son côté, Amazon a doublé le nombre de ses employés entre 2019 et 2021, passant de 800'000 emplois à 1,6 million.»

Lire aussi: Google, Microsoft, Amazon... La tech continue de dégraisser

Un changement profond. Si le niveau d’emploi reste très élevé dans l’industrie, en particulier aux Etats-Unis, ces annonces doivent être comprises comme la démonstration d’une adaptation profonde du secteur. Olivier Brourhant, CEO du consultant informatique Mantu dont le siège est à Genève, voit dans cette situation «le retour de bâton d’une gestion maximaliste de la croissance», poussant certains acteurs à s’étendre de manière excessive.

Cloudbees est une entreprise fondée en Suisse en 2010, spécialisée dans les logiciels d’entreprise, qui emploie 600 personnes, dont deux tiers aux Etats-Unis et un tiers en Europe et en Asie. Elle a réduit ses effectifs de 10% en novembre. Son CEO Sacha Labourey explique:

«Sous la pression des marchés financiers, le secteur technologique passe d’une priorité à la croissance à une priorité à la rentabilité.»

Pour l’économiste Stéphane Garelli (IMD Business School et HEC Lausanne), les entreprises technologiques sont prises en étau entre:

  • une situation macroéconomique tendue: inflation, hausse du coût des opérations et des taux d’intérêt, diversification des sources d’approvisionnement…

  • et une absence de relai de croissance fort.

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